Fracturation hydraulique

Gaz de schiste : le ministère de l’Ecologie étudie des permis d’exploration

Fracturation hydraulique

par Maxime Combes

Ségolène Royal va avoir l’occasion de passer des paroles aux actes. « Il n’est pas question à un moment où on a des ressources publiques rares d’investir dans des filières aléatoires et spéculatives », déclarait fin septembre la ministre de l’Écologie à propos des gaz de schiste. Elle précisait même que, tant qu’elle serait ministre, il n’y aurait aucune autorisation d’exploitation ni d’exploration.

Les services de la ministre de l’Écologie sont cependant en train d’étudier une douzaine de nouveaux permis de recherche d’hydrocarbures sur le sol français et d’examiner le renouvellement de permis de recherche accordés avant le moratoire de 2011. Ces permis concernent les Landes, l’Aisne et la Marne, la Moselle, le Vaucluse, l’Yonne et le Loiret, la Seine-et-Marne, le Bas-Rhin, la Haute-Marne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, ou encore le Bassin parisien. Des consultations publiques sont ouvertes sur le site du ministère.

Or, les documents relatifs aux demandes des permis de Gastins (Seine-et-Marne), de Dicy (Yonne) et de Montmort (Marne) font explicitement référence à la technique de la fracturation hydraulique et à la nécessité de fracturer le sous-sol qui retient les hydrocarbures. « Un soin particulier sera apporté au traitement des eaux utilisées pour la fracturation des schistes à gaz afin d’éviter toute pollution des nappes phréatiques », précise ainsi la notice d’impact déposée par la société Realm Energy International (filiale de San Leon Energy, basée à Dublin, en Irlande) pour le permis de Dicy, entre Montargis et Auxerre. « Pour produire du gaz de schiste, il est important de briser les argiles saturés qui le contiennent à l’aide de jets d’eau sous pression », explique une notice similaire pour le permis de Montmort, dans la Marne. Ces demandes devraient donc tomber sous le coup de la loi et être refusées.

Les collectifs citoyens mobilisés contre les hydrocarbures de schiste appellent donc la ministre à s’exprimer et à « ne pas signer de nouveaux permis (…) exclusifs de recherches d’hydrocarbures » (lire leur lettre ouverte). Sous la pression, Ségolène Royal a déjà dû annoncer publiquement qu’elle ne signerait pas la demande d’attribution du permis de Calavon, couvrant le parc naturel régional du Luberon (Vaucluse), alors que la consultation publique est toujours en cours. Pour les opposants au gaz de schiste, refuser ces permis constitue la « seule manière d’être en cohérence avec les objectifs de la transition énergétique ». Ce samedi 11 octobre, les anti-gaz de schiste organisent d’ailleurs des rassemblements à Auch, Grenoble, Lille, Narbonne, Nîmes, Paris et Strasbourg, dans le cadre de la troisième journée mondiale contre la fracturation hydraulique (cliquez sur la carte ci-dessous pour en connaitre les détails).