Blockupy

20 000 manifestants à Francfort contre l’austérité prônée par la Banque centrale européenne

Blockupy

par Rachel Knaebel

Des milliers de citoyens ont participé le mercredi 18 mars à une journée d’action à Francfort, en Allemagne, à l’occasion de l’inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne. Les blocages et manifestations organisés pat le collectif Blockupy, l’association Attac et la confédération syndicale allemande ont réuni environ 20 000 personnes. Elles sont venues de toute l’Europe pour contester la politique d’austérité imposée à la Grèce et au continent par l’ancienne troïka. Le matin, des voitures ont été brûlées et des heurts ont eu lieu avec la police. Mercredi soir, la police de Francfort comptabilisait 26 interpellations, loin des centaines annoncées au fil de la journée.

Le nouveau siège de la Banque centrale européenne, un gratte-ciel de 185 mètres, a coûté la somme rondelette de 1,3 milliard d’euros. « Cette inauguration survient à un moment crucial en Europe : la BCE n’est pas qu’un symbole, c’est un acteur bien réel des politiques menées depuis le début de la crise et qui mènent à la précarité, au recul des droits sociaux, qui portent atteinte à la démocratie et empêchent toute transition écologique. Elle est aujourd’hui au cœur du chantage politique que subit le peuple grec », rappelait Attac France la veille des manifestations. En effet, la BCE est membre, aux côté du Fonds monétaire international, de la Commission européenne et du Mécanisme européen de stabilité, du groupe des créanciers institutionnels (qui ne s’appelle plus troïka) de la Grèce et des autres pays européens en crise. Ce sont les organes qui imposent depuis des années des politiques d’austérité et de privatisations massives à la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande…

Mario Draghi, gouverneur de la BCE et ancien dirigent de Goldman Sachs (Voir notre article) s’est pourtant dit surpris des manifestations dans son discours d’inauguration [1] : « Les mises en cause peuvent paraître injustes, car notre action a précisément visé à amortir les chocs frappant notre économie. » Amortir les chocs ? En Grèce, le taux de chômage a grimpé de 25 %, à 50 % chez les jeunes, un tiers de la population est tombée dans la pauvreté et n’a plus accès à de couverture santé...

Pendant que les manifestants battaient le pavé de Francfort, Alexis Tsipras faisait voter à Athènes la première loi de son gouvernement, adoptée avec le soutien de l’opposition conservatrice et socialiste : une loi pour lutter contre la grande pauvreté.

Rachel Knaebel

Photos : © Jean de Pena / Collectif à-vif(s)

Notes

[1À lire ici.