Extrême-droite

Vague de manifestations xénophobes et islamophobes en Allemagne

Extrême-droite

par Rachel Knaebel

Le 8 décembre, 10 000 personnes ont manifesté dans la ville est-allemande de Dresde derrière une bannière de « patriotes européens contre l’islamisation de l’occident » (ce qui donne en Allemand l’acronyme Pegida, pour « patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abenlandes »). Face à eux environ 9 000 contre-manifestants antifascistes ont défilé. Les organisateurs de ces marches dirigées contre l’islam et les demandeurs d’asile espèrent réunir à nouveau des milliers de personnes ce lundi 15 décembre dans la ville de Saxe.

Ces manifestations lancées fin octobre à Dresde ont d’abord réuni quelques centaines de personnes seulement, avant de grossir jusqu’au record de lundi dernier. Dès la deuxième marche Pediga, le 27 octobre, des membres du parti néonazi NPD et d’autres organisations d’extrême droite étaient présents dans la manifestation. Parmi les participants se trouvent aussi selon la police allemande des membres de groupes de hooligans classés à l’extrême droite. Le mouvement tente de se présenter comme une réunion pacifique d’Allemands “inquiets”. L’organisateur déclaré des manifestations, Lutz Bachmann, n’a d’ailleurs pas de lien direct avec l’extrême droite. Il a bien été déjà condamné par la justice, mais pour des vols et violences en lien avec le milieu du proxénétisme. Les profils des organisateurs et orateurs de la manifestation similaire qui a eu lieu à Düsseldorf le 8 décembre sont en revanche clairement liés à des organisations d’extrême droite, notamment à la mouvance identitaire.

Les premières revendications (listées dans ce document) du mouvement Pediga laissent peu de doute sur son positionnement politique. Certaines semblent aller dans le sens d’une plus grande ouverture face aux demandeurs d’asile : accueillir les réfugiés de guerre et les réfugiés politiques ou employer plus de travailleurs sociaux pour les accompagner. Mais elles sont minoritaires. Pediga réclame surtout une « tolérance zéro » à l’égard des demandeurs d’asile et migrants qui auraient affaire avec la justice et une limitation de l’immigration sur la base du modèle suisse. Le mouvement veut « conserver et protéger la culture occidentale judéo-chrétienne » et lutter contre le « gender-mainstreaming ». La ligne politique est claire.

L’organisateur de Pediga dit avoir lancé les marches suite à des batailles de rue entre salafistes et kurdes qui avaient eu lieu dans plusieurs villes d’Allemagne en octobre. Une manifestation de plusieurs milliers de « hooligans contre les salafistes » avait déjà eu lieu à Cologne le 26 octobre. Elle avait rapidement dégénéré. Plus largement, les manifestations mêlant néonazis et personnes se disant « inquiètes » de voir arriver des réfugiés dans leur voisinage se multiplient en Allemagne ces derniers mois, notamment à Berlin. Elles s’opposent à chaque fois à l’ouverture de nouveaux foyers d’accueil pour les demandeurs d’asile. Jeudi 11 décembre, des bâtiment destinés à accueillir des demandeurs d’asile ont même été incendiés près de Nuremberg, en Bavière. Et ce, alors que le nombre de personnes demandant l’asile en Allemagne augmente depuis trois ans : près de 200 000 cette année contre 77 000 en 2012.

La plupart des partis politiques allemands ont condamné les manifestations Pediga. Plusieurs dirigeants du nouveau parti de l’AFD (Alternative pour l’Allemagne), créé en 2013 à la droite d’Angela Merkel, ont en revanche soutenu le mouvement.