Désobéissance civile

L’interdiction des OGM, c’est maintenant ou jamais

Désobéissance civile

par Sophie Chapelle

Une centaine d’apiculteurs et de militants anti-OGM ont occupé le 6 janvier un centre de recherche de la firme Monsanto à Monbéqui (Tarn-et-Garonne). Cette action, initiée par la Confédération paysanne et l’Union nationale des apiculteurs français, visait à obtenir l’interdiction immédiate de la vente et de la culture du maïs génétiquement modifié MON810 produit par Monsanto, de nouveau sur le marché depuis que le Conseil d’État a annulé, en novembre 2011, les arrêtés du ministère de l’Agriculture suspendant la culture de maïs génétiquement modifié. Les apiculteurs ont levé le camp en fin de journée, sans heurts, après avoir obtenu des rendez-vous aux ministères de l’Agriculture et de l’Écologie le 13 janvier prochain.

Ce qu’ils craignent, c’est la pollution du miel par tous les OGM produisant du nectar ou du pollen. Car depuis le jugement du 6 septembre 2011 de la Cour de justice de l’Union européenne, les pollens et les miels contenant du pollen de maïs MON810 sont interdits à la vente et doivent être détruits, ce maïs n’ayant pas d’autorisation pour la consommation humaine. La situation est d’ores et déjà catastrophique pour les apiculteurs espagnols entourés de champs OGM [1]. Désormais, la même menace pèse sur les apiculteurs français.

Il est encore temps d’agir

« C’est actuellement que les agriculteurs s’approvisionnent auprès des semenciers. Si l’interdiction du maïs MON810 intervient dans un mois, ce sera trop tard, d’autant que certains agriculteurs ont annoncé des semis précoces pour anticiper une éventuelle interdiction. Le gouvernement doit agir immédiatement », a indiqué Guy Kastler, membre de la Commission OGM de la Confédération paysanne.

La ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a annoncé que la France déposerait une nouvelle clause de sauvegarde sur les OGM avant le printemps. « La solution n’est pas de reprendre le moratoire qui risque d’être de nouveau annulé par le Conseil d’État, mais d’interdire sa vente et sa culture sur tout le sol français par rapport au risque que courent les abeilles », analyse Guy Kastler. La délégation reçue ce 13 janvier aux ministères plaidera donc pour un arrêté plutôt que pour un moratoire. Sans une décision rapide du gouvernement, c’est le miel de nombreux apiculteurs français qui deviendra invendable.

Sophie Chapelle