Energies

Pourquoi les factures d’électricité vont augmenter de 50 %

Energies

par Nolwenn Weiler

50 % d’augmentation des tarifs de l’électricité d’ici à 2020 : c’est ce que prévoit le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur « Le coût réel de l’électricité ». Créée en février 2012, et dirigée par le sénateur Jean Desessard (EELV), la commission donne plusieurs explications à cette hausse spectaculaire, à commencer par l’augmentation à venir des coûts du gaz et du pétrole (pour cause de raréfaction), mais aussi du nucléaire – en raison des investissements lourds à venir en matière de sécurité, conséquence directe de l’accident japonais de Fukushima. Des investissements nécessaires sur le réseau de distribution, qui doit être modernisé et adapté aux productions locales d’électricité, feront également grimper la facture.

Du côté des énergies renouvelables, l’hydraulique s’avère compétitif, d’autant plus que les investissements en barrages ont été amortis. Ce qui permet aujourd’hui au kilowattheure hydraulique d’atteindre le même prix que celui du nucléaire. Mais la privatisation qui menace une partie de ces ouvrages risque de faire grimper les prix. L’éolien terrestre est lui aussi considéré comme un marché mature et compétitif. L’instabilité juridique propre à la France fragilise cependant le secteur, dont l’activité s’est effondrée de 70 % au cours du premier trimestre 2012 !
Le photovoltaïque reste assez cher pour le moment, mais les rendements des installations vont croissant. L’éolien offshore est la plus onéreuse des énergies renouvelables.

Face à ce constat, les réponses politiques divergent. Le groupe UMP, qui persiste à considérer que le nucléaire n’est pas cher, estime que « la stratégie française doit être de développer la filière renouvelable tout en confortant la filière nucléaire, avec des réacteurs de la 3e génération, de type EPR, et en poursuivant la recherche sur les réacteurs de la 4e génération à l’horizon de 2050 ». Le groupe socialiste penche lui aussi pour ce scénario intermédiaire. Précisant que « s’il lui paraît indispensable que la France s’engage dans une diminution de la part d’énergie nucléaire dans la production d’électricité, il n’adhère pas au "scénario de sobriété énergétique" prôné par le rapporteur et qui consiste en une sortie du nucléaire ». Seul le groupe écologiste propose de limiter la durée de vie des réacteurs à 40 ans, et de s’acheminer vers sur une sortie du nucléaire à l’horizon 2040. Pour le groupe centriste, partisan d’un remplacement des réacteurs actuels par des EPR de 4e génération, le rapport « met en perspective les éléments qui favoriseront le prochain grand débat sur l’avenir énergétique de la France ». Reste à savoir si ce débat démocratique aura vraiment lieu.