Répression

Pendant les JO de Sotchi, la défense de l’environnement mène dans les camps

Répression

par Sophie Chapelle

L’écologiste Evgeny Vitishko n’a pas hésité à mettre son nez dans les dessous peu reluisants du grand chantier des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi (lire notre enquête). Le 12 février, le tribunal de Krasnodar a rejeté l’appel de ce géologue, membre d’une association régionale de défense de l’environnement du Caucase du Nord (EWNC), et l’a condamné à trois ans de camp. Son délit ? Un graffiti... « La forêt est pour tout le monde », a-t-il osé écrire le 13 novembre 2011 sur la clôture dressée dans une forêt protégée autour de la luxueuse résidence du gouverneur régional. Condamné d’abord à une peine avec sursis, le militant a vu sa sanction commuée en prison ferme pour manquement à ses obligations judiciaires. Lui explique seulement ne pas s’être présenté à deux de ses six convocations devant la justice.

Dans l’attente de son audience en appel, Evgeny Vitishko est interpellé le 3 février à Touapsé, un quartier de Sotchi, quelques jours avant l’ouverture des jeux. Les autorités l’accusent d’avoir proféré des jurons à un arrêt de bus, et l’ont condamné à une peine immédiate de 15 jours de détention pour « hooliganisme ». « Les autorités veulent le bâillonner », réagit immédiatement Amnesty International. Depuis le mois de novembre 2013, au moins six militants d’EWNC ont été placés en détention. « L’affaire Vitishko est depuis le départ fondée sur des mobiles politiques », dénonce Yulia Gorbunova, de Human Rights Watch. L’association EWNC, dont Evgeny Vitishko est membre, vient de rendre public un rapport sur les violations observées durant les travaux des JO [1]. Amnesty International a appelé le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, à dénoncer le « harcèlement des écologistes ». Le CIO s’est finalement décidé ce jeudi à « demander à Sotchi une clarification ».