Neuf personnes seront jugées au tribunal d’Évreux, les 19 et 20 décembre, « dans le cadre d’un procès aux allures politiques » estiment les Soulèvements de la Terre. Elles sont notamment suspectées d’intrusion dans la cimenterie Lafarge de Val-de-Reuil (Eure) en décembre 2023.
Les actions s’étaient à l’époque multipliées « contre Lafarge-Holcim et le monde du béton », à l’initiative de 200 organisations écologistes, paysannes, syndicales, comités locaux des Soulèvements de la terre et collectifs d’habitant-es en lutte contre l’artificialisation des terres. Au total, selon les Soulèvements de la Terre, 56 actions ont eu lieu dans cinq pays différents. Parmi ces actions figure celle du 10 décembre 2023, où une centaine de personnes ont pénétré sur le site d’une cimenterie Lafarge de l’Eure pendant une dizaine de minutes, avec de la peinture et de la mousse expansive (voir les photos de l’action).
Quatre mois plus tard, le 8 avril 2024, dix-sept personnes sont arrêtés par la sous-direction de l’antiterrorisme (SDAT), toutes suspectées d’avoir participé à cette action. Plusieurs articles de presse régionale ont fait état de familles traumatisées, après que la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) se soit trompée d’adresse. Certains ont passé près de 70 heures en garde à vue comme nous vous le racontions sur Basta!.
« Soutenir les inculpé
es »Huit d’entre eux ont finalement été remis en liberté « en raison de l’insuffisance des charges réunies à leur encontre », avait indiqué le procureur. « Le nombre significatif de classements sans suite dès la fin de la garde à vue atteste de la faiblesse de l’enquête et des preuves recueillies », avait réagi Chloé Chalot, l’une des avocates des interpellés dans un communiqué de presse.
Les neuf autres personnes seront jugées ces 19 et 20 décembre « pour les infractions de séquestration pour préparer ou faciliter la commission d’un crime ou d’un délit », en l’occurrence la « séquestration » d’un vigile du site, ce que démentent les organisateurs (selon eux il aurait juste pris sa pause déjeuner plus tard du fait de l’action), et pour « dégradations aggravées par deux circonstances et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement. »
Une mobilisation de soutien aux neuf personnes jugées est prévue à partir de 8h30 devant le tribunal, à l’initiative des Soulèvements de la Terre. « Alors même que la multinationale Lafarge-Holcim sera bientôt en procès pour complicité de crime contre l’humanité et financement du terrorisme (fin 2025), l’État a mobilisé une fois de plus les moyens de l’antiterrorisme et les services d’enquête les mieux dotés qui soient pour traquer et arrêter des militant
e s armé e s de leur seule détermination », souligne l’organisation. Qui appelle à « soutenir les inculpé e s et continuer à dénoncer les vrais coupables ».Photo de Une : Action à la centrale à béton de Val-de-Reuil dans l’Eure/©DR