Bouc-émissaire

Amnesty dénonce « un contexte d’hostilité » contre les Roms

Bouc-émissaire

par Agnès Rousseaux

Alors que les déclarations politiques se multiplient sur la situation des Roms en France, Amnesty International publie un rapport Intitulé « Condamnés à l’errance. Les expulsions forcées des Roms en France ». Cette étude dresse le bilan des mesures prises par le gouvernement depuis un an, et de leurs conséquences sur la situation des Roms. Elle s’appuie sur des recherches menées en l’Ile de France, à Lille et à Lyon, auprès d’associations et collectifs de soutien, d’institutions indépendantes et de personnes roms.

Amnesty pointe l’importante distorsion entre les dispositions de la circulaire du 26 août 2012 sur l’accompagnement des populations Roms lors des opérations d’évacuation des campements illicites, et l’application qui en est faite par les préfets. En 2012, rappelle l’ONG, 11 982 migrants roms ont été chassés des squats et bidonvilles où ils habitaient [1]. Un chiffre en forte augmentation, puisqu’ils sont plus de 10 000 à avoir été expulsés de leur lieu d’habitation au cours des deux premiers trimestres 2013. « Un nombre jamais atteint depuis le début des recensements en 2010 », souligne le rapport. « La trêve hivernale ne s’applique toujours pas aux habitants des campements informels, et certains continuent à être rendus sans abri en plein hiver », dénonce Amnesty. Les expulsions forcées s’inscrivent toujours « dans un contexte de discrimination et d’hostilité envers les populations roms. »

« Les évacuations sont menées en dépit des normes du droit international qui prévoit que des garanties soient mises en place afin de ne pas rendre les familles sans abri, conclut le rapport. A l’inverse, les familles continuent d’être expulsées sans avoir été ni informées, ni consultées et sans se voir proposer de solutions d’hébergement adaptées ou de relogement. »

Amnesty International exhorte le ministre de l’Intérieur « à rappeler à tous les préfets que les opérations d’évacuation doivent être effectuées en conformité avec les normes du droit international relatif aux droits humains. ».

Pour l’ONG, il est par ailleurs indispensable d’interdire les expulsions forcées :

 Elles sont illégales au regard des normes du droit européen et international.
 Elles aggravent les conditions de vie des personnes et les condamnent à l’errance.
 Elles entraînent des ruptures de parcours scolaire et de parcours de soin.
 Elles sont traumatisantes pour les enfants notamment.
 Elles mettent en échec tout processus d’intégration.
 Elles sont contraires à la dignité humaine.

Lire le rapport : Condamnés à l’errance. Les expulsions forcées des Roms en France

Notes

[1D’après les recensements effectués par les associations Ligue des droits de l’Homme (LDH) et European Roma Right Center (ERRC).