Greenwashing

BNP Paribas promeut « l’ingéniosité collective » et finance des projets destructeurs

Greenwashing

par Simon Gouin (Grand Format)

Peut-on mettre en avant des initiatives qui changent le monde et soutenir, en parallèle, des projets industriels désastreux ? Peut-on à la fois placer ses fonds dans plus de 300 filiales de paradis fiscaux et judiciaires, et proposer une exposition qui promeut l’ingéniosité collective et la défense des biens communs ? C’est le grand-écart que réalise BNP-Paribas, en organisant l’exposition Wave, dans le parc de la Villette, à Paris.

Depuis le 10 septembre, la banque a choisi de donner de la visibilité à une vingtaine de « projets emblématiques », autour de cinq courants : les makers (« les génies amateurs intègrent la chaîne de production »), l’économie circulaire (« produire et consommer en s’adaptant à la production et à la consommation de son environnement »), l’économie inclusive (« démarche commerciale visant à faire passer le bien commun avant la maximisation des profits »), la co-création (« innovation industrielle fondée sur les suggestions du plus grand nombre »), et l’économie du partage. On y découvre notamment l’éco-quartier Vauban de Fribourg, en Allemagne ou des jardins partagés de Seattle ; aux côtés d’un drone pour nettoyer les océans, du site de co-voiturage Blablacar, d’un hôpital indien qui a revu son organisation pour réduire ses coûts afin d’accueillir le maximum de patients...

Bref, « des hommes et des femmes de tous les horizons qui partagent une vision positive de l’avenir », comme l’affirme la présentation de BNP-Paribas. « A l’heure où l’ensemble de la planète est confrontée à de vastes défis sociaux et environnementaux, une multitude d’initiatives venant des quatre coins du monde prouvent que des solutions existent pour faire mieux avec moins. Le point commun de ce bouillonnement créatif ? L’ingéniosité collective. » Voilà pourquoi la banque qui change le monde met en valeur l’innovation 2.0, la coopération ou encore, l’économie horizontale.

Elle en profite aussi pour donner quelques conseils aux entreprises...qui pourraient intéresser la BNP : « L’exposition Wave présente de nouvelles façons d’innover et de créer de la valeur, estime Marie-Claire Capobianco, directrice des Réseaux France de la BNP et membre du Comité Exécutif de la banque. Les entreprises qui prendront en compte ces relais de croissance seront plus proches de leurs clients et plus compétitives, deux dimensions clés de notre métier de banquier. »

« L’heure n’est plus aux confrontations. »

Des relais de croissance, BNP-Paribas en a trouvés un peu partout à travers le monde. Et beaucoup ne mettent pas en avant l’ingéniosité collective que la multinationale se targue de promouvoir, encore moins le respect de l’environnement. Elle finance par exemple activement le secteur du charbon – qui représente un tiers des émissions globales de gaz à effet de serre –, en Afrique du Sud, en Inde, ou aux États-Unis, ou les sables bitumineux canadiens (lire notre article).

Elle investit aussi dans l’extension des mines d’or de la région de Cajamarca, au Pérou, à travers une de ses filiales implantées au Luxembourg (lire notre article). Depuis 2011, la population locale se soulève contre ce projet qui met en péril la vie de milliers de paysans. Mais, comme l’affirme la banque française, « l’heure n’est plus aux confrontations mais à l’action conjointe : citoyens, associations, ONG, collectivités locales, petites et grandes entreprises mettent en œuvre des idées nouvelles pour un monde meilleur ». Un monde meilleur dont BNP-Paribas est-elle vraiment soucieuse ? L’exposition Wave représente en tout cas une belle opération de communication. Qui devrait parcourir d’autres villes de France et d’Europe, après sa clôture, à Paris, le 5 octobre, alors même que se déroulera un autre tour de France des alternatives, celui des Alternatibas !

Simon Gouin

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