G20 de Pittsburg

Bonus pour les traders, disette pour un milliard d’humains

G20 de Pittsburg

par Mathieu Javaux

Le G20 se réunira cette semaine à Pittsburg (États-Unis). Au menu de cette mascarade oligarchique figurent notamment les rémunérations dans le secteur bancaire et les réglementations financières. N’attendant pas de savoir si les traders de la BNP pourront bien partir au ski cet hiver (ce dont nous ne doutons pas), Olivier de Schutter, juriste belge et successeur de Jean Ziegler au poste de rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’Alimentation, pointe quelques urgences supplémentaires. Il estime que « les dirigeants du G20 doivent s’entendre sur un programme politique plus ambitieux ». En effet, selon lui le cap du milliard d’individus ne mangeant pas à leur faim a été dépassé. Dans 41 des 52 pays en développement, le niveau des prix à la consommation ne cesse de s’élever, de 40% entre janvier et avril 2009. Sans compter que pour ces pays, le rapatriement de fonds des immigrés, les revenus des exportations et les investissements étrangers connaissent une baisse drastique.

Le rapporteur de l’ONU pointe donc plusieurs urgences. Il exhorte tout d’abord les pays du G20 à respecter l’engagement pris à L’Aquila (Italie), à savoir une rallonge de 20 milliards de dollars pour lutter contre la faim dans les pays les plus pauvres. Il insiste également sur les problèmes liés à l’instabilité des marchés agricoles internationaux : « Rien n’a été fait pour empêcher une nouvelle hausse des prix alimentaires, alors que les experts avertissent que le changement climatique se traduira par une volatilité plus fréquente et extrême dans les marchés alimentaires internationaux ». Pour Olivier de Schutter, cinq mesures urgentes sont indispensables pour garantir le droit à l’alimentation : réduire la volatilité sur les marchés agricoles internationaux, encourager les États à se doter de régimes de protection sociale, renforcer l’agriculture durable, protéger les droits des travailleurs agricoles, réformer la gouvernance mondiale pour l’alimentation et l’agriculture.

Le rapporteur de l’ONU prône donc plus de réglementation et de solidarité. Peut-on espérer que le G20, qui a si brillamment résorbé la crise financière et en a tiré tant de leçons, puisse entendre ce message ?