Nous, citoyens et citoyennes brésiliennes résidant en France et ailleurs dans le monde, attentifs et préoccupés par l’actuelle pandémie, voulons exposer notre colère quant à la façon dont agit le gouvernement fédéral brésilien.
Nous avons été choqués par l’allocution télévisée au pays prononcée le 24 mars par le président Jair Bolsonaro. Une fois encore, le Président, s’est efforcé de minimiser la crise sanitaire mondiale que nous traversons, en la définissant comme une petite grippe ou un rhume.
Non, monsieur le Président. Il s’agit d’une maladie au potentiel destructeur important. Comme vous en avez probablement été informé par le milieu scientifique national et international, par le ministère de la Santé, par la fondation Oswaldo-Cruz (FioCruz) ou encore par les services de renseignement, la pandémie du Covid-19 est un danger réel et profond pour la population.
Nous souhaitons vous demander, M. le Président, si vous pensez que la situation vécue par des pays comme la Chine, les États-Unis, l’Iran, l’Italie, l’Espagne et la France peut être qualifiée de « rhume » ? Si par hasard la saturation du système de santé de pays comme la France, l’Espagne ou encore l’Italie, qui possèdent deux ou trois fois plus de lits d’hôpital par habitant que le Brésil, pourrait être causée par une « petite grippe » ?
Au lieu de continuer à nier la gravité de la situation ou d’attaquer les médias nationaux, vous devriez plutôt, en tant que représentant principal de l’État, tirer les enseignements des situations exceptionnelles que connaissent certains de ces pays face à la pandémie.
Au lieu d’adopter des mesures erratiques, en désaccord constant avec les directives quotidiennes des services de santé publique, vous devriez écouter les recommandations de votre propre ministère de la Santé. Le Brésil doit s’arrêter pour sauver des vies.
Au lieu d’inciter la population à ne pas respecter les gestes barrières et le confinement préconisés par les spécialistes médicaux du monde entier, vous devriez mettre en œuvre un plan national pour adapter ces mesures aux nombreuses personnes qui vivent dans des conditions précaires.
Monsieur le Président, vos déclarations du 24 mars mettent en danger les personnes qui vivent aujourd’hui au Brésil. Nier l’urgence sanitaire au profit d’un éventuel gain économique à court terme et ne pas adopter les mesures qui permettraient réellement de protéger la santé de la population sont des postures irresponsables et criminelles !
Il est vrai, monsieur le Président, de telles mesures de distanciation sociale ont un coût. Mais ce coût financier est inférieur à celui des vies qui sont en jeu. Il faut les préserver, peu en importe le prix !
– Pour signer la pétition, c’est ici (voir les premiers signataires ci-dessous)
Signataires :
Marcia Tiburi, écrivaine et professeur de philosophie
Jessé de Souza, sociologue
Jamil Chade, journaliste
Jean Wyllys, ex-député fédéral
Karim Aïnouz, cinéaste
Suzette Lima Kourliandsky, président de l’ALMAA (Ação Dentro do Mundo para América Latina e África)
Glauber Sezerino, sociologue, co-président de l’association Autres Brésils
Erika Campelo, co-présidente de l’association Autres Brésils
Afrânio Raul Garcia Jr., anthropologue
Rosa Freire d’Aguiar, journaliste et traductrice
Paulo Illes, Réseau « Espaço Sem Fronteiras »
France :
Leneide Duarte-Plon
Maria Luisa Souto Maior
Plinio Prado Junior
João de Oliveira
Wilson Ramos
Leonardo Tonus
Marcelo Novaes Teles
Ana Lucia Souza de Freitas
Jorge Santos Ruffini
Ezna Dias
Solange Cidreira
Cecilia Guimarães
Cecilia Aparecida da Silva Alves Voisin
Luciene Rodrigues Silva
Elzirene Rodrigues Esperet
Karina do Amaral Paim
Waldir dos Santos Ribeiro
Angelica de Almeida
Aline Ramos Berger
William Franco de Almeida
Isadora Alcachebury
Johan Alcachebury
Nanci Silveira da Costa
Maria Walburga dos Santos
Maria José Malheiros
Marlowa de Souza Canabarro