CAC40 : le véritable bilan annuel

Emploi, place des femmes, accidents, droits des travailleurs : le vrai bilan social du CAC40

CAC40 : le véritable bilan annuel

par Olivier Petitjean (Observatoire des multinationales)

Beaucoup de suppressions et peu de créations d’emplois, des relations de pouvoir toujours défavorables aux femmes, des données très insuffisantes sur les accidents au travail, et une troublante tendance à l’érosion de la protection des salariés. C’est le bilan que tire notre Observatoire des multinationales dans le cadre de l’édition 2020 du Véritable bilan annuel du CAC40.

C’est un niveau stable par rapport à 2018. Mais cette apparence de stabilité cache des réalités disparates. On observe dans certaines entreprises de fortes augmentations d’effectifs, mais elles sont souvent dues à des fusions plutôt qu’à de vraies créations d’emploi (Essilor avec Luxottica, Unibail-Rodamco avec Westfield, Safran avec Zodiac, Thales avec Gemalto). À l’inverse, certaines firmes du CAC40 sont clairement engagées dans une politique délibérée de réductions de leurs effectifs, comme Carrefour (-15 % sur 2 ans), la Société générale (-12 %) ou encore Sanofi (-5,8 %). Elles ont souvent déjà programmé des suppressions d’emplois supplémentaires.

Des femmes quasi absentes parmi les dirigeants

En 2019, les femmes représentaient un peu plus de 38 % de l’effectif du CAC40, 32,6 % de l’effectif cadre, mais elles n’étaient plus que 18,8 % dans les comités exécutifs. Une seule femme sur 40 était présidente de conseil d’administration en 2019, Sophie Bellon de Sodexo (et Angeles Garcia-Poveda chez Legrand depuis juillet 2020, Sodexo ayant entre-temps quitté le CAC40). Une seule femme était placée à la direction opérationnelle d’un groupe du CAC40 en 2019 : Isabelle Kocher d’Engie, mais elle a été débarquée depuis.

55 décès par accidents au travail

D’après les chiffres publiés, les activités du CAC40 ont occasionné 55 décès accidentels au travail (ou sur le trajet pour s’y rendre) en 2019. Ce chiffre est particulièrement élevé chez ArcelorMittal (21 décès déclarés). Le groupe sidérurgique est suivi par Saint-Gobain (5 décès déclarés), puis Total et Engie (4 décès chacun). Mais les chiffres manquent dans ce domaine pour beaucoup de firmes et ils sont sujets à caution, en raison de la sous – ou non – déclaration des accidents du travail, particulièrement chez les sous-traitants.

Peu de groupes du CAC40 publient par ailleurs des chiffres sur les libertés syndicales en leur sein, ou sur la proportion des effectifs couverts par des accords sociaux collectifs. Les quelques chiffres rendus publics suggèrent une troublante tendance à la baisse de ces indicateurs. Sur les 12 groupes qui publient un taux de couverture de leurs effectifs par des accords sociaux collectifs, ce taux est en baisse entre 2017 et 2019 partout, sauf chez STMicro.

Olivier Petitjean

À lire : « Les femmes et les hommes du CAC40 » (pdf, 4 p.)

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Pour lire les chapitres précédents : « Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 », « Des patrons au service de qui ? », « Un fardeau croissant pour la planète », « Le prix de l’influence »