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Changements climatiques : les Nations Unies envisagent le pire

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par Rédaction

La fonte des banquises qui s’accélère. La montée du niveau des mers qui pourrait dépasser deux mètres. La forêt amazonienne ou la toundra sibérienne devenues impossibles à préserver. Plus de 120 millions de réfugiés climatiques… Délires de cassandres prompts au catastrophisme ? Malheureusement non. Tel est le scénario établi par le Programme des Nations Unies pour l’environnement pour le siècle à venir. Si rien n’est fait, nous entrerons dans une spirale infernale des perturbations climatiques.

« Des écosystèmes aussi divers que la forêt amazonienne et la toundra arctique sont peut-être sur le point de subir un changement radical à cause du réchauffement et de l’assèchement. Les glaciers de montagne reculent de manière alarmante et les conséquences en aval de la réduction de l’approvisionnement en eau pendant les mois les plus secs s’étendront sur plusieurs générations. Les rétroactions climatiques et les effets cumulatifs sur l’environnement se développent au cours des systèmes terrestres et adoptent des comportements impossibles à anticiper. Les possibilités d’un réchauffement rapide dû à l’effet de serre sont réelles et n’ont jamais été aussi évidentes. » Ce constat alarmiste est dressé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dans son rapport 2009 (intitulé « Avancées scientifiques et développements dans notre environnement en mutation », à télécharger ici). Ce rapport se base sur des informations produites par la communauté scientifique, par des journalistes, des responsables politiques et des organisations non gouvernementales. Il pèse donc plus lourd que les élucubrations d’un Claude Allègre.

La fonte des glaces de l’Arctique, de l’Antarctique et du Groenland, conséquence directe des activités humaines, s’accélère. La réduction des banquises menace de faire basculer de façon irréversible le climat de la planète en modifiant radicalement les équilibres océaniques et les relations entre l’atmosphère et les océans. La hausse du niveau des mers est également revue à la hausse. Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur les évolutions du climat), en 2007, prévoyait une augmentation de 18 à 59 cm d’ici 2100 liée à la fonte des glaces et à la dilatation des mers, plus chaudes et de moindre teneur en sel. De nouvelles évaluations envisagent une hausse désormais située entre 0,8 et 1,5 mètre, et d’un probable dépassement de 2 mètres au cours du prochain siècle ! Le rapport rappelle que le niveau des mers a précédemment augmenté de 2 cm au cours du 18e siècle, de 6 cm au 19è et de 19 cm au 20e

120 millions de réfugiés

Les conséquences sont redoutables. La modification des littoraux et la disparition de nombreuses terres émergées, comme plusieurs archipels du Pacifique, sont déjà relativement connues. Le PNUE s’intéresse également aux conséquences sur les populations. « Une hausse d’un mètre au niveau mondial aurait les conséquences suivantes : le déplacement d’environ 100 millions de personnes en Asie, principalement dans l’est de la Chine, au Bangladesh et au Vietnam ; de 14 millions en Europe ; et 8 millions en Afrique et Amérique du Sud. Cependant, une nouvelle étude sur la rapidité à laquelle l’arrivée de l’eau de fonte provenant des calottes glacières, ou de son équivalent en glace, dans les océans influencerait le niveau des mers montre que, dans les premières années, les eaux n’envahiraient pas la terre partout à la même vitesse. Cela prendra plusieurs dizaines d’années pour l’eau se répande partout dans le monde. » Avec comme résultat plus de 120 millions de réfugiés climatiques, de la Camargue au Bengladesh, du Delta du Nil aux archipels des Maldives.

Ces scenarii sont scientifiquement établis. On s’interroge donc sur l’incapacité des Etats signataires du Protocole de Kyoto à s’accorder sur des engagements forts et contraignants dans la préparation des négociations de Copenhague en décembre. Mais il y a plus grave. Les évolutions à venir du changement climatique, déterminées par les effets de rétroaction possibles en raison des « ruptures » d’équilibre d’ores et déjà constatés, pourraient bien avoir pour conséquence d’aggraver encore plus la situation. Ainsi, la fonte accélérée des glaces de l’Arctique pourrait libérer des réserves de carbone et de méthane gigantesques, venant renforcer l’effet de serre. Même chose avec le dégel du permafrost, ce sol gelé du Nord de l’Europe continentale, qui contient des réserves considérables de méthane, et qui, une fois enclenché, serait irréversible selon les scientifiques.

Changements climatiques irréversibles

D’autres rétroactions sont également possibles, comme l’affaiblissement des capacités de stockage du carbone des forêts avec le réchauffement, ou encore le bouleversement de la circulation océanique. Ce sont autant d’éléments qui renforcent la probabilité de points de basculement, définis comme « seuil critique auquel une perturbation infime peut altérer l’état ou le développement d’un système sur le plan qualitatif ». Si ce « basculement » survient dans un avenir proche, l’adaptation au changement climatique sera rendue encore plus incertaine.

Pour l’Agence des Nations Unies, le changement climatique constitue le « problème environnemental majeur et fondamental de notre époque » et le « défi le plus important auquel doivent faire face les responsables politiques à de nombreux niveaux ». Mais « les nouvelles sont mauvaises et de plus en plus pessimistes » car « à en croire certaines preuves alarmantes, des points de basculement majeurs, entraînant des changements irréversibles dans les principaux écosystèmes et systèmes terrestres, ont déjà été atteints ou dépassés. »

Il n’est plus temps de tergiverser. Les conclusions, pour le PNUE, sont nettes : « A moins d’une intervention rapide visant à stabiliser, puis à diminuer les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ces changements engendreront des dommages majeurs pour les écosystèmes, les ressources naturelles, les populations humaines et leurs activités économiques fragiles. Ces ravages pourraient assurément mettre un terme à la prospérité dans les pays développés et mettre en péril la subsistance-même des habitants des pays en développement. » Les chefs d’Etat, ministres, diplomates et économistes qui se réuniront à Copenhague en décembre ont donc une responsabilité historique. S’ils ne sont pas à la hauteur de l’enjeu, nos enfants ne se contenteront pas de nous accuser. Ils nous maudiront.