Depuis une semaine, la police allemande évacue les zadistes présents depuis plusieurs années dans la forêt d’Hambach, dans l’Ouest de l’Allemagne. Le groupe énergétique allemand RWE veut détruire la forêt pour y étendre une de ses mines de charbon à ciel ouvert. Les militants anti-charbon y ont construit une cinquantaine d’habitations, dont certaines juchées dans les arbres, pour occuper la zone afin d’en empêcher la destruction prochaine.
Le 19 septembre, vers 16 h, un homme est mort lors de cette évacuation. Il a chuté d’une passerelle qui reliait des cabanes entre elles. « Il s’agit très probablement d’un journaliste », a déclaré la police. Ce serait un photographe qui réalisait un reportage sur la vie des activistes dans la forêt. « À ce moment il n’y avait pas d’interventions policières à proximité du lieu de l’accident et autour de la cabane en question », a aussi assuré la police allemande. Les militants anti-charbon de Ende Gelände contredisent partiellement cette version : l’homme décédé était en train de photographier l’interpellation d’un camarade activiste. Les autorités régionales ont annoncé la suspension des opérations d’évacuation après le décès.
Mardi, plus de la moitié du campement dans les arbres avait été évacué. Les autorités régionales ont invoqué l’absence de permis de construire et de sécurité incendie des cabanes auto-construites pour justifier l’évacuation. Mais personne n’est dupe. Il s’agit en fait de permettre au groupe RWE de raser la forêt dès octobre pour agrandir au plus vite l’une de ses mines de lignite — la forme de charbon la plus polluante. Des villages entiers ont aussi été déplacés et entièrement détruits pour laisser la place aux mines de charbon de RWE. Celles-ci s’étendent déjà sur 9000 hectares, quasiment la superficie de la ville de Paris. La France, par le biais de l’organisme public de la Caisse des dépôts et consignations, participe au financement des projets miniers de RWE.
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Les militants anti-charbon venus de toute l’Allemagne et d’ailleurs en Europe tentent d’empêcher l’agrandissement de ces mines. « Le changement climatique est là : chaque année est un nouveau record de température, il y a de plus en plus d’événements climatiques extrêmes, soulignent les activistes de la forêt d’Hambach dans un récent appel. La politique continue de placer les intérêts économiques avant une réduction pourtant absolument nécessaire des émissions de gaz à effet de serre. Un exemple en est le bassin minier rhénan, qui est avec ses trois mines et ses trois centrales à charbon la plus grande source d’émissions de CO2 d’Europe. » L’Allemagne tire toujours plus de 35 % de son électricité du charbon. En continuant à brûler autant de ce combustible ultra-polluant, elle ne respectera jamais ses engagements climatiques.
L’évacuation des défenseurs du climat de la forêt d’Hambach a lieu alors même qu’une « commission charbon » travaille depuis juin à un plan de sortie du charbon. Elle réunit des représentants du gouvernement, des gouvernements régionaux concernés par les mines et les centrales à charbon, les industriels et les syndicats. Y siège aussi un représentant des Amis de la terre Allemagne.
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Photo : CC Aktion Unterholz / Tim Wagner / Kimba Reimer