Consommation

Comment éviter d’encourager la surpêche ?

Consommation

par Nolwenn Weiler

Comment être sûr, quand on achète son poisson, de ne pas encourager la surpêche, qui menace de vider les océans ? A quelles enseignes se vouer, quand 75% des poissons sont vendus en supermarchés ? Pour aider les consommateurs, l’association Bloom, qui lutte contre la surpêche et pour la survie des pêcheurs, a mené une enquête auprès de six géants français de la distribution alimentaire : Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché et Système U. « La conclusion de cette enquête menée sur cinq mois est qu’aucune enseigne ne satisfait entièrement les critères d’évaluation de Bloom , constatent les auteures de l’étude, Claire Nouvian et Victoire Guillonneau. Cependant, sur une échelle optimale de 100, certaines enseignes s’approchent quasiment aux trois quarts du score tandis que d’autres ne dépassent pas la barre des 10%. » Casino et Carrefour arrivent en tête du classement. Tandis que E.Leclerc et Intermarché sont en queue de peloton. Auchan se situe entre les deux.

Le tonnage d’espèces profondes vendues fait partie des critères d’évaluation de Bloom, sachant que ces espèces sont capturées avec des méthodes extrêmement destructrices, tant des fonds marins que des stocks. A tel point que la Commission européenne a demandé l’interdiction de cette méthode de pêche. Casino est plutôt bon élève, avec seulement 17 tonnes de poissons profonds commercialisés en 2012. Carrefour se situe juste derrière avec 90 tonnes. Système U est en troisième position avec 160 tonnes. Soit à peine 3% du tonnage total de la France. Conclusion : « Auchan, Leclerc et Intermarché en vendent un tonnage conséquent » , sur lequel ils ont refusé de communiquer. Claire Nouvian se dit toutefois « déçue » par les mesures prises par les moins mal notés du classement. Elle les juge «  largement insuffisantes et inadaptées à l’urgence de la situation des océans profonds ». Pour elle, il faut simplement arrêter de commercialiser ces espèces.

Liste rouge des espèces menacées

Autre critère examiné par Bloom : la mise en œuvre de politiques respectueuses de l’environnement et la communication des enseignes sur ces politiques. « Casino, Carrefour et Système U, communiquent très peu sur leur démarche, à l’inverse d’Intermarché, qui matraque les Français avec une opération publicitaire nationale destinée à « noyer le poisson » sur ses pratiques de pêche destructives », notent les auteures. La transparence des enseignes a pu être vérifiée directement par Bloom, puisque seules Carrefour, Casino et Système U ont accepté de répondre à ses questions. Le groupe Auchan a consenti à échanger des points de vue, sans répondre précisément, ni donner de chiffres. Intermarché et Leclerc ont explicitement refusé de collaborer.

En parallèle, Greenpeace a dressé une liste rouge « des produits de la mer à ne plus consommer le temps que leur survie soit assurée ». Y figurent notamment plusieurs espèces considérées comme les plus menacées, tels le cabillaud, le flétan, l’églefin (haddock), le saumon ou la raie. L’organisation environnementale incite également les consommateurs à acheter du poisson pêché « en dehors des périodes de reproduction ». Dans le tableau ci-dessous, elle conseille par exemple d’éviter de déguster un bar ou du lieu entre février et mai (voir les conseils de Greenpeace).