Lundi 5 juin au matin, d’importants moyens policiers ont été déployés pour interpeller une quinzaine d’activistes écologistes dans une dizaine de communes françaises. Les personnes arrêtées ont été placées en garde à vue. Elles sont visées dans le cadre d’une enquête ouverte pour « association de malfaiteurs » et « dégradation en bande organisée », a rapporté Mediapart.
Les activistes sont soupçonnées d’avoir participé à une action contre la cimenterie de La Malle, exploitée par le groupe Lafarge-Holcim, dans les Bouches-du-Rhône, le 10 décembre 2022. « L’opération policière s’inscrit de toute évidence dans l’escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois », ont dénoncé les Soulèvements de la Terre dans un communiqué.
« Ces personnes sont mises en cause pour une action qui est en cohérence avec celles que les Soulèvements de la Terre ont menées sur des usines de Lafarge et des carrières de sable », précise l’un des porte-parole des Soulèvements de la Terre Benoît Feuillu. C’est une action qu’on a relayée et soutenue », ajoute-t-il.
Le collectif écologiste des Soulèvements de la Terre est menacé depuis le printemps de dissolution par le ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin a aussi accusé les activistes d’êtres des « écoterroristes ».
La production de ciment, ingrédient du béton, « est responsable de 8 % des émissions mondiale de CO2, rappelle Benoît Feuillu. Pour nous, il est urgent de remettre en cause la production de béton. Au lieu de cela, le gouvernement soutient Lafarge, décide de ces arrestations, et essaie de faire rentrer des actions écologistes dans le terrorisme. »
Du sable pour le maraîchage industriel
Malgré les arrestations, les Soulèvements de la Terre maintiennent une mobilisation prévue dimanche 11 juin en Loire-Atlantique contre l’extraction de sable. Dans ce département, le collectif citoyen La Tête dans le sable se mobilise depuis trois ans contre l’extraction de toujours plus de sable par les entreprises du BTP GSM et Lafarge dans la commune de Saint-Colomban.
Appuyée par les différentes organisations des Soulèvements de la Terre, l’association s’oppose à l’extension des deux carrières existantes sur la commune. Deux manifestations sont prévues le 11 juin : l’une verra s’élancer tracteurs, vélos et voitures depuis Saint-Colomban vers le centre-ville de Nantes ; l’autre composée de tracteurs et voitures partira de la commune d’Héric, au nord de l’agglomération nantaise, pour rejoindre le centre-ville.
L’opposition à l’extension des carrières n’est pas la seule question au centre de la mobilisation. Le maraîchage industriel pratiqué dans la région est également un débouché des carrières de sable. Les cultures de mâche et de muguet sont particulièrement visées par les organisations. L’utilisation de sable pour ces deux cultures – 500 000 tonnes par an selon les associations – entretient le modèle intensif qui les caractérise.
Le seul département de Loire-Atlantique assure environ 65 % de la production française de mâche, et 83 % de la production de muguet, selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture.
Nils Hollenstein
– Plus d’infos sur le rassemblement des 10 et 11 juin.
Photo de une : Manifestation à Sainte-Soline le 25 mars 2023 / © Les Soulèvements de la Terre