Climat

Copenhague : mouvements sociaux et écologistes réclament d’être écoutés

Climat

par Daniel Maunoury, Sophie Chapelle

Plusieurs milliers de personnes ont participé à l’action « Reclaim power » (réclame le pouvoir) pour faire entendre la voix des citoyens au Sommet de Copenhague sur le climat. L’action, pourtant non violente, s’est soldée par 300 arrestations. Reportage en images.

Le 16 décembre, l’action Reclaim Power a bousculé l’agenda des négociations officielles. Organisée par les réseaux Climate Justice Now ! et Climate Justice Action, cette initiative rassemblait deux cortèges, l’un partant de l’intérieur du Bella center, l’autre de l’extérieur, et censés se rejoindre. Les mouvements sociaux et écologistes, récemment exclus du processus de négociations, voulaient tenir une assemblée populaire sur le lieu de leur rencontre aux abords du centre de conférence. Dès 8h, plusieurs centaines de jeunes militants se sont retrouvés, malgré le froid, à quelques kilomètres des négociations officielles. Très rapidement, la manifestation compte près de 5000 personnes déterminées à faire entendre leur voix.

L’ambiance dans le cortège est joyeuse. « La voix des peuples s’exprime de plusieurs façons, explique Josie Riffaud de la Via Campesina. Ils peuvent murmurer ou crier, chanter ou jouer, parler ou débattre. L’histoire des mouvements sociaux montre que la contestation aussi prend des formes très variées ».

Venus “réclamer le pouvoir” et “combattre le système”, les citoyens et représentants d’organisations présents demandent à ce que « aucune décision les concernant ne soient prises sans eux ». Tous renouvellent leur soutien aux pays du sud et aux petits Etats insulaires.

A l’intérieur du centre de négociations officielles, le rendez-vous est donné à 10h devant le Media Center. Christophe Aguiton, membre de Climate Justice Now, explique avant le début de l’action aux journalistes présents qu’ils ne sont « pas là pour réclamer la fin des négociations mais pour, au contraire, exiger un « bon accord », qui engage de façon contraignante les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en suivant au moins les recommandations du GIEC, qui reconnait la responsabilité historique des pays du Nord et qui dégage les fonds nécessaires à l’adaptation et à la conversion énergétique des pays pauvres ». Autre motif d’indignation, « les tentatives d’étouffement des voix dissidentes ». L’action démarre à 11h sous les cris de « climate, justice ! ».

La manifestation sort du Bella Center avec plus de 200 représentants de mouvements et d’ONG. Elle est rejointe par quelques dizaines de délégués non admis qui attendent dehors. A 50 mètres de là, le cortège aperçoit l’autre groupe mais la police empêche toute jonction. La colère de Ricardo Navarro des Amis de la Terre face aux violences policières (vidéo) ne suffira pas à faire changer d’avis les policiers. Le groupe est arrêté sur un petit pont, la police matraque. De l’autre côté des palissades, la police fait barrage.

Malgré la présence des clowns qui tentent de détendre l’atmosphère…

La police est prête à en découdre.

La chaîne humaine formée par les militants résistera pendant quelques minutes avant de céder.

Certains tentent de gagner la zone de l’ONU en traversant la rivière sur des matelas gonflables mais le résultat sera le même, les coups de matraques pleuvent et les arrestations se multiplient.

Au final, près de 300 personnes sont arrêtées. Dans un communiqué , Attac-France critique « ces violences et ces arrestations [qui] ne peuvent être justifiées par l’argument des provocations alors que tous les témoignages attestent du caractère entièrement non-violent de l’action ». La criminalisation de toute forme de protestation est un constat partagé par la plupart des ONG à moins de 36 heures de la fin des négociations à Copenhague.

Texte et vidéo : Sophie Chapelle

Photos : Daniel Maunoury