Solidarité

D’importantes manifestations dénoncent la menace fasciste au Brésil

Solidarité

par Eros Sana, Rachel Knaebel

Ce 20 octobre, d’importantes manifestations contre Jair Bolsonaro, le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle brésilienne, se sont déroulées dans plus d’une vingtaine de grandes villes au Brésil. Un million de personnes ont ainsi défilé à Fortaleza, dans le Nord-Est du pays. Jair Boslonaro a multiplié pendant sa campagne les déclarations violentes à l’encontre de la gauche, des femmes, des LGBT et des peuples autochtones vivant dans des zones protégées en Amazonie. Il a également assuré que, s’il était élu, le Brésil sortirait de l’Accord de Paris sur le climat et que la déforestation massive de la forêt amazonienne reprendrait.

Lors du premier tour, le 7 octobre, il a obtenu 46 % des votes exprimés, contre 29 % pour le candidat du parti des travailleurs (gauche), Fernando Haddad. Depuis, de violentes agressions contre les partisans de gauche et des attaques homophobes et transphobes ont été perpétrées par des partisans affichés de Bolsonaro. Le second tour se tiendra le 28 octobre. Les derniers sondages donnent le candidat d’extrême-droite victorieux, recueillant entre 54 % et 59 %. La semaine dernière, le journal brésilien Folha de São Paulo révélait comment des entreprises qui soutiennent Bolsonaro ont payés 12 millions de reais (3 millions d’euros) pour faire envoyer en masse aux Brésiliens des messages contre le Parti des travailleurs sur Whatsapp, un service de messagerie très utilisé au Brésil et appartenant à Facebook. Ce qui est illégal. Le PT a dénoncé une fraude électorale.

Une manifestation parisienne contre Bolsonaro a réuni plusieurs centaines de personnes, place de la Bataille de Stalingrad, à l’appel des associations Autres Brésils et France Amérique latine, avec le soutien de syndicats (FSU, Solidaires...) et d’une grande partie des organisations politiques de gauche. Plusieurs adjoints de la mairie de Paris, des élus écologistes ainsi que des parlementaires communistes et socialistes étaient venus exprimer leur solidarité « Halte au fascisme au Brésil et partout », « Ela não, Pas lui, Not him », « Solidarité avec les femmes brésiliennes », clamaient des pancartes.

« Ces élections présidentielles brésiliennes n’ont rien à voir avec celles de 2014, de 2010, de 2006, de 2002 », a rappelé Jean-Jacques Kourliandsky, du comité français de solidarité avec l’ex-président PT Lula, emprisonné depuis avril. « Les Français ont été par le passé, tout au long du 20e siècle, à la hauteurs des solidarités antifascistes, a dit sur la tribune la chercheuse française Maud Chirio, spécialiste du Brésil contemporain. Le moment est venu d’exprimer notre solidarité contre la fascisme au Brésil, avec les luttes au Brésil, et avec les exilés, qui, si Bolsonaro gagnent, ne manqueront pas d’arriver. »

Un « manifeste international contre le fascisme au Brésil » a également été publié par Folha de São Paulo, signé par Bernie Sanders, leader de la gauche aux États-Unis, le réalisateur Costa-Gravas, François Hollande et Dominique de Villepin, l’ancien président du Parlement européen l’Allemand Martin Schulz, Pablo Iglesias, leader de Podemos en Espagne ou Yanis Varoufakis (Grèce). « Entre démocratie et fascisme, il ne peut y avoir de neutralité ! », conclut le manifeste.

Photos : © Eros Sana.