A 76 ans, Martine Landry, militante d’Amnesty International et de l’Anafé était poursuivie pour avoir aidé deux enfants à la frontière franco-italienne. Elle est maintenant définitivement relaxée, le Parquet d’Aix-en-Provence s’étant désisté ce 7 juillet, la veille de l’audience. « Cette décision est un grand soulagement », confie Martine Landry. « J’étais convaincue que j’étais dans mon droit d’aider ces enfants. Face aux violations des droits des réfugiés et migrants, j’ai fait et je ferai mon devoir de citoyenne de les aider comme je peux. Aujourd’hui, la fraternité l’a emporté. »
« Ces personnes n’ont rien à faire devant les tribunaux »
L’affaire remonte au 28 juillet 2017. La police italienne renvoie deux mineurs isolés étrangers à pied vers la France. Martine Landry les accueille du côté français de la frontière entre Menton et Vintimille, au panneau « France ». Elle les accompagne à la police aux frontières, et les présente à l’aide sociale à l’enfance pour que les enfants soient pris en charge. Le 3 août, Martine Landry reçoit une convocation du tribunal correctionnel de Nice. Elle devait être jugée le 8 janvier 2018 pour « avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière […], en ayant pris en charge et convoyé pédestrement ces deux mineurs du poste frontière côté Italie au poste frontière côté France ».
Son audience a été renvoyée à trois reprises : le 14 février, le 11 avril et enfin, le 30 mai 2018. Le parquet a alors requis la relaxe de la militante. Le tribunal correctionnel de Nice la relaxe le 13 juillet 2018. Le Procureur général d’Aix-en-Provence avait fait appel de cette décision le 27 juillet 2018.
« Acharnement judiciaire »
« En se retirant, le Parquet confirme que les poursuites contre Martine Landry n’ont pas lieu d’être », souligne Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International France. « Cette décision de désistement s’imposait. L’appel de la relaxe s’apparentait à un acharnement judiciaire à l’encontre de Martine Landry et plus généralement à l’encontre des citoyens solidaires qui agissent auprès des personnes migrantes et réfugiées. Ces personnes n’ont rien à faire devant des tribunaux. »
Laure Palun, directrice de l’Anafé, se réjouit également de cette décision, voyant là « un signe d’espoir pour toutes les personnes qui défendent les droits des personnes réfugiées ou migrantes ». Elle rappelle que plusieurs personnes demeurent poursuivies pour des actions similaires (notre article : Des peines de prison ferme pour des militants solidaires des migrants). Elle appelle avec plusieurs organisations, à « supprimer une fois pour toute le "délit de solidarité" et rendre ainsi impossible les poursuites pénales à l’encontre de personnes dont les actions ne sont motivées que par un élan de fraternité ».
Sophie Chapelle
Photo de une : Martine Landry / © Amnesty France