Démocratie

Démocratie

Pouvoir parallèle

Brésil : « Les miliciens ne supportent pas les femmes qui ne se soumettent pas, ils vont les éliminer »

Par Mariana Simões (Agência Pública)

Les vastes – et souvent meurtrières – opérations de police pour lutter contre le trafic de drogue dans les favelas de Rio sont régulièrement médiatisées. Les rackets, assassinats et activités illégales perpétrés par les « milices » dans la banlieue de Rio le sont beaucoup moins. Pourtant, ces milices, héritières des escadrons de la mort constitués pendant la dictature militaire, « sont plus puissantes que le trafic », estime le sociologue José Cláudio, et entretiennent des liens étroits avec le monde politique. L’une de ces milices, dénommée le « Bureau du crime », est accusée d’être impliquée dans l’assassinat de la conseillère municipale de gauche, Marielle Franco, il y a un an. Interview.

Monde ouvrier

Pour lutter contre l’extrême-droite, « les syndicats doivent développer un travail de terrain et de proximité »

Par Nolwenn Weiler

Au premier tour des élections présidentielles 2017, 41% des ouvriers qui ont voté l’ont fait pour Marine Le Pen, malgré les politiques anti-sociales menées par les élus du Front national, localement ou au Parlement européen. Au second tour, plus de la moitié d’entre eux ont encore choisi le FN, bien plus que l’ensemble des Français. Ceux et celles qui sont membres d’une organisation syndicale, ou qui s’en sentent proches, sont beaucoup moins perméables aux discours du FN que leurs collègues : seuls 13% d’entre eux ont voté pour Marine Le Pen au premier tour. Pour Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne Franche-Comté, et spécialiste du monde syndical, les organisations syndicales, malgré leur affaiblissement et leur professionnalisation qui les éloigne de la base, ont un rôle à jouer pour lutter contre le radicalisme du FN à condition qu’elles renouent avec le travail de terrain. Entretien.

Histoire

Des massacres oubliés de mai 1967 en Guadeloupe aux prémices de l’ordre sécuritaire moderne dans les quartiers

Par Mathieu Rigouste

C’est une commémoration méconnue : il y a 50 ans, les 26 et 27 mai 1967, la police et l’armée françaises réprimaient brutalement des manifestations ouvrières et lycéennes en Guadeloupe. Alors que Pointe-à-Pitre se révolte, les forces de l’ordre se livrent à un massacre qui fait au moins 8 morts selon les sources officielles. Des recherches approfondies démontrent qu’un modèle de contre-insurrection a été expérimenté sous l’autorité d’un préfet, Pierre Bolotte. Formé en Indochine puis en Algérie, il deviendra le premier préfet de la Seine-Saint-Denis et l’architecte d’une nouvelle forme de police, inspirée de ce modèle colonial et militaire. Enquête aux sources de l’ère sécuritaire.

Extrême droite

Entre déclassement réel et préjugés fantasmés, cette France rurale qui se réfugie dans l’illusion du vote Le Pen

Par Aurore Chaillou

Dans la Manche, le vote en faveur du Front national a gagné du terrain lors des élections de 2015. Dans ces villages entre plages et bocages, délaissés par les activités économiques et désertés par les services publics, le sentiment d’abandon et de relégation attise les frustrations et les rancœurs. Une situation qui rend les habitants sensibles aux discours du FN, pointant du doigt des boucs émissaires ou rejetant en bloc « les élites ». Paroles de commerçants, d’ouvriers ou d’agriculteurs qui se déclarent tentés par le vote « Marine Le Pen ». Et ce, malgré toutes les contrevérités et les intox diffusées par le FN. Reportage.