Contre la spéculation

Des députés créent une coopérative de logements publics

Contre la spéculation

par Rachel Knaebel

L’État allemand veut privatiser 11 500 logements encore gérés par l’établissement public chargé du patrimoine de l’ex-RDA. Une première tentative avait échoué en 2008, à la suite de la crise financière. Mais, en mars, le ministère de l’Économie a relancé la procédure. Il veut vendre la société publique TLG et tous ses logements publics avant fin 2012, malgré des comptes largement dans le vert. Plus de 30 000 habitants sont concernés dans une quarantaine de villes.

La procédure de vente est ouverte à tout investisseur européen. La crainte est donc forte de voir les logements acquis par des spéculateurs plus intéressés par le gain que par les conditions de vie des locataires. Le parti de gauche radicale allemande, Die Linke, a d’abord tenté d’empêcher la vente, avec une proposition au Parlement qui prévoyait un transfert des biens aux bailleurs communaux. Sans succès. Qu’à cela ne tienne. 30 députés Die Linke ont créé en avril une coopérative immobilière [1] pour racheter les logements.

La coopérative compte pour l’instant quelque 400 sociétaires, habitants, députés Die Linke et soutiens. Une des municipalités concernées (Strausberg, avec 1 000 logements à vendre) a par exemple acquis 50 parts. Die Linke prospecte depuis mai à travers les 42 villes touchées, avec l’objectif de compter 1 000 sociétaires d’ici à fin juin.

L’ensemble de 11 500 logements coûterait plus de 500 millions d’euros. Selon Die Linke, il faudrait au moins 5 000 sociétaires pour réunir 5 % de capital propre. Le reste pourrait venir de prêts bancaires. Le défi est de taille, mais le projet montre au moins que la spéculation n’est pas une fatalité. De quoi inspirer en France la ministre du Logement, Cécile Duflot ?

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