Ecologie

Des élus normands s’opposent à un projet de terminal gazier

Ecologie

par Ivan du Roy

« La démocratie est bafouée quand un projet est imposé par la force à des gens qui n’en veulent pas », dénonce Didier Marie, président (PS) du Conseil général de Seine-Maritime. Le projet, c’est celui porté par une holding, « Gaz de Normandie », d’implanter un immense terminal gazier entre Le Havre et Etretat pour accueillir les navires méthaniers. La démocratie, c’est celle que revendiquent 200 élus « de toutes tendances politiques confondues » - députés nationaux et européens, conseillers régionaux et généraux, maires - qui se sont rassemblés le 24 octobre sur les hauteurs des falaises d’Etretat. « Depuis trois ans, une société privée à l’actionnariat instable cherche à implanter sur la côte d’Albâtre un terminal de gaz liquéfié avec un raccordement par gazoduc qui traverserait une grande partie de la région. A la stupéfaction générale, l’Etat engagé dans le Grenelle de l’Environnement, a décidé de soutenir ce projet qui privilégie la consommation d’énergies fossiles », dénoncent-ils.

Le projet de terminal a été reconnu « d’intérêt général » par le gouvernement en mai 2009. Une décision dont s’est félicitée la direction de l’entreprise Poweo, principal actionnaire de « Gaz de Normandie » aux côtés du géant de l’électricité allemand E.ON, de l’Autrichien Verbund Gas et de la Compagnie industrielle maritime, gérante du terminal pétrolier du Havre, et passée sous la coupe d’un groupe financier australien, Macquarie. Le fondateur et dirigeant de Poweo est Charles Beigbeder, frère de l’écrivain, qui a présidé le think tank patronal Génération entreprise. Un club fréquenté en son temps par des « top managers » de Bouygues ou de Lagardère. Autant dire que la guerre déclarée par les riverains et les élus locaux à ce puissant consortium s’apparente au combat de David contre Goliath.

« Les porteurs du terminal méthanier méprisent la responsabilité fondamentale des élus en matière d’aménagement du territoire », assènent députés et maires normands. Ils proposent une alternative au projet, qui doit être réalisé sur le port pétrolier – Antifer - situé au nord du Havre : un pôle de développement des énergies marines. Cette « station avancée en haute mer » a longtemps accueilli les tankers géants Elle constitue, selon les élus, un site d’expérimentation idéal pour des centrales produisant de l’électricité grâce à l’énergie des vagues (centrale houlomotrice), des courants (hydrolienne), des marées (marémotrice), la biomasse des algues ou l’énergie thermique des mers.

Le gaz que Poweo et consorts envisagent d’acheminer au Havre servira à alimenter les centrales électriques au « gaz naturel à cycle combiné » que l’électricien projette de construire (pour concurrencer EDF). Ces centrales émettent 100 fois plus de CO2 qu’une centrale hydro-électrique et 50 fois plus qu’un parc éolien. Quelle alternative sera au final choisie par le gouvernement de Nicolas Sarkozy ?

IDR

Voir le projet alternatif de « pôle de développement des énergies marines » (à télécharger) :