« Qu’est-ce que les générations futures diront de nous, qui leur laissons en héritage une planète dégradée ? » Après le Pape (lire ici), c’est au monde musulman de s’emparer officiellement du réchauffement climatique. Pendant l’été, les 17 et 18 août derniers, des universitaires, des experts, des dirigeants d’ONG et des responsables musulmans venus de 20 pays, se sont rassemblés à Istanbul. A l’issue de ce symposium, ils ont adopté la première Déclaration musulmane sur le changement climatique. Leurs objectifs sont de susciter l’engagement des 1,6 milliards de musulmans sur cette question et d’exiger des gouvernements qu’ils prennent des décisions fortes sur le climat, notamment en vue de la Conférence sur le climat de Paris (Cop21).
Basée sur les enseignements moraux du Coran, la déclaration finale appelle entre autres à un rapide désinvestissement des énergies fossiles, à un passage à 100% d’énergies renouvelables, à un soutien aux communautés vulnérables qui souffrent des impacts de la crise climatique. A l’image de l’encyclique du Pape, les responsables musulmans lient la crise écologique aux inégalités et à la pauvreté, en soulignant « l’obligation morale à réduire la consommation de façon à ce que les plus pauvres puissent bénéficier de ce qu’il reste de ressources non renouvelables sur terre ». Pour cela, les nations riches et productrices de pétrole sont invitées à une diminution progressive de leurs émissions de gaz à effet de serre, d’ici à 2050.
« Apporter des solutions aux défis auxquels nous faisons face »
A l’inverse, la Déclaration promeut une croissance qui doit se poursuivre « avec sagesse et modération, préparant la résilience de tous, et surtout des plus vulnérables ». Les États et les sociétés devraient ainsi favoriser une économie circulaire, entièrement soutenable, et un nouveau modèle de bien-être, basé sur l’alternative au modèle financier actuel qui « épuise les ressources, dégrade l’environnement et accroît les inégalités ». Les responsables du monde musulman incitent les entreprises à « prendre un rôle plus actif dans la réduction de leur empreinte carbone ».
Contrairement aux Catholiques, les Musulmans n’ont pas d’autorité commune. Cet appel s’adresse ainsi à tous les leaders musulmans, qu’ils soient chefs d’État, hommes politiques, responsables de communauté ou militants, afin qu’ils s’attaquent, dans leurs sphères d’influence, aux « habitudes de pensées et aux racines du changement climatique, à la dégradation environnementale et à la perte de la biodiversité ». Le tout, en suivant l’exemple du prophète Mohammed, « et en apportant des solutions aux défis auxquels nous faisons face ». La déclaration vise aussi à engager un dialogue interreligieux autour de cette thématique.
Simon Gouin
- Le texte intégral de la Déclaration musulmane sur le changement climatique.
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Photo de une : © Islamic Relief