Brésil

Enfin une loi pour exproprier les patrons esclavagistes

Brésil

par Sophie Chapelle

Comment lutter contre l’exploitation des travailleurs réduits en quasi-esclavage ? Le Congrès brésilien montre la voie après avoir adopté l’amendement constitutionnel n° 438 qui garantit l’expropriation immédiate, sans droit à indemnisation, des propriétés où « les agents du gouvernement attestent l’existence de conditions de travail semblables à l’esclavage ou des formes analogues d’exploitations de main-d’œuvre dans une propriété déterminée, que celle-ci soit rurale ou urbaine ».

La Commission pastorale de la terre (CPT, animée par des prêtres catholiques inspirés par la théologie de la Libération) a enregistré 133 656 plaintes de travailleurs forcés entre 1990 et 2006. Les groupes mobiles du département du Travail – inspecteurs du travail et policiers fédéraux – ont libéré de l’esclavage 17 961 travailleurs sur la même période, en particulier dans les États amazoniens du Pará et du Mato Grosso.

Sept ans auront été nécessaires pour que cet amendement soit approuvé, du fait des diverses modifications, ajouts, allers-retours entre le Sénat et la Chambre des députés, et des manœuvres politiques des grands propriétaires terriens, très influents au Parlement fédéral, faisant tout pour que le quorum ne soit pas atteint. L’amendement a finalement été approuvé avec 360 voix pour, 29 contre et 25 abstentions, totalisant ainsi 414 voix. Une victoire historique contre le travail-esclave [1].

Géographies du travail esclave au Brésil