Lutte environnementale

Expulsion des opposants à la méga décharge de Nonant-le-Pin

Lutte environnementale

par Simon Gouin

Le blocus de la décharge de Nonant-le-Pin, dans l’Orne, ne fêtera pas son premier anniversaire. Les forces de l’ordre sont intervenues ce matin, vers 5h, pour déloger les citoyens qui campaient à l’entrée du site exploité par l’entreprise Guy Dauphin Environnement (GDE). Depuis le 24 octobre 2013, ils empêchaient le déversement de déchets ultimes de l’automobile sur ce site controversé. En un an, les procédures judiciaires se sont multipliées, mettant à mal l’exploitation de cette méga-décharge. Le 13 mai dernier, le tribunal correctionnel d’Argentan a ordonné la fermeture définitive du site, pour cause de déchets non autorisés.

Mais la société GDE, dirigée par l’un des fondateurs et actionnaires de la sulfureuse multinationale Trafigura (lire notre enquête), a fait appel avant d’engager la responsabilité de l’État, face au blocage du site de Nonant-le-Pin. Elle exige le paiement d’indemnités de plusieurs millions d’euros. « L’État a déjà été condamné en première instance par le Tribunal administratif en juin dernier à verser une indemnité provisionnelle de 700 000 €, déclare la préfecture de l’Orne, ce lundi matin, dans un communiqué.

Le silence de Ségolène Royal « nous pèse »

Cette décision intervient quelques jours après que les associations ont porté plainte contre le président du Conseil général de l’Orne, l’ancien ministre Alain Lambert, et son ancien directeur de cabinet, Alain Pelleray, pour corruption passive et prise illégale d’intérêt. Dans le magazine Pièces à conviction, diffusé sur France 3, Alain Lambert est accusé d’être intervenu, en 2011, auprès de Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’Écologie, afin d’accélérer l’ouverture du site de GDE, bloquée par une décision préfectorale.

(La vidéo complète est à voir sur cette page.)

Dans la matinée du 6 octobre, les gendarmes ont donc entrepris de démonter les installations qui bloquaient l’entrée de la future décharge. En amont, les routes d’accès au site étaient bloquées afin d’empêcher l’arrivée de renfort aux opposants. D’après le journal Ouest-France, Laurent Beauvais, le président du Conseil régional de Basse-Normandie, a même été rattrapé par un gendarme alors qu’il tentait de traverser un champ pour rejoindre les citoyens. En fin de matinée, il a appelé Ségolène Royal à s’exprimer publiquement sur le sujet : « Qu’elle dise si elle a les garanties, ou pas, sur les conséquences pour l’environnement de l’activité de ce site. Aujourd’hui son silence nous pèse. »

« Alors que nous sommes en bonne voie de gagner sur le plan judiciaire, le préfet se fait le complice de GDE pour essayer de faire pencher la balance, estime Noëlle Sandoz, présidente de l’association Nonant Environnement. C’est une déclaration de guerre de leur part ! » Dans un communiqué, les opposants affirment « qu’ils utiliseront d’autres moyens pour faire échec à toute tentative d’ouverture d’un Tchernobyl des déchets ».

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