« Amener de la joie dans cette lutte », c’est tout l’objet de ce festival de soutien au collectif contre l’agro-industrie en Bretagne. Cette région concentre la moitié des « fermes-usines » comme nous l’expliquions dans cette précédente enquête. Le collectif Bretagne contre les fermes-usines dénonce de manière globale les méthodes industrielles intensives appliquées par les fermes-usines qui, « dans leur logique productiviste », « accaparent les sols et dégradent les conditions de vie sur terre ».
Douze membres de ce collectif font actuellement l’objet de poursuites judiciaires, suite à une action menée le 19 mars 2022. Ce jour là, une cinquantaine d’activistes avaient érigé un mur de parpaings sur une voie ferrée située à Saint-Gérand (Morbihan), sur le passage d’un train de marchandises transportant des céréales à destination de l’alimentation animale. Le geste visait à « symboliser l’agro-industrie mortifère qui nous emmène droit dans le mur », nous avait confié Étienne, membre du collectif.
Douze militants poursuivis
Les manifestants ont ainsi déversé sur les voies une partie des 1390 tonnes de blé contenues dans les wagons. Ces dernières étaient destinées à la coopérative agricole Le Gouessant et à son usine de production alimentaire pour bétail, ainsi qu’à l’usine de production de nourriture animale Sanders. La perte est estimée à deux millions d’euros, selon la coopérative agricole Le Gouessant.
En juin 2022, quatre premières personnes ont été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. Un an plus tard, quatre autres militants se sont dénoncés et ont à leur tour été placés sous contrôle judiciaire. En septembre 2023, quatre nouvelles personnes ont été convoquées devant un juge d’instruction. Les militants sont entre autres poursuivis pour pénétration sur le domaine ferroviaire, entrave à la circulation d’un train et destruction volontaire.
Conférences et tables rondes
« Douze camarades sont aujourd’hui devant la justice face à quatorze poids lourds du système agro-industriel », pointe le collectif Bretagne contre les fermes-usines dans son appel. L’entreprise Le Gouessant, la SNCF, Millet Rail, la SAS Sanders et le conducteur de train se sont constitués partie civile. Une série de coopératives et de fédérations syndicales agricoles, dont la FNSEA et la FDSEA du Morbihan, s’y sont ajoutées. Les militants encourent une peine d’emprisonnement avec sursis, une amende et l’obligation d’indemniser les victimes.
Cette première édition du festival de soutien à Bretagne contre les fermes-usines vise à « récolter de quoi régler nos frais juridiques » et « faire connaître notre combat au plus grand nombre », indique le collectif. Il se tiendra « dans un cadre bienveillant et festif » à partir de 15h ce samedi 11 mai à la ferme de Bellevue, sur la commune de Sarzeau dans le Morbihan. Neuf groupes ou artistes se succèderont sur deux scènes différentes. Des conférences et tables rondes participatives sont également prévues avec des personnes impliquées dans les luttes paysannes et l’investigation sur l’agro-industrie, dont la journaliste Morgan Large.
– La billetterie est disponible sur HelloAsso
– Le lien d’inscription pour être bénévole
Photo : ©Collectif Bretagne contre les fermes-usines