Journalisme d’impact

Glyphosate et la FNSEA : « L’enquête de Basta! aide à comprendre, à agir et à accompagner »

Journalisme d’impact

par Rédaction

Comme nous, vous croyez en un journalisme d’utilité publique qui fait bouger les lignes ? Nous vous racontons les conséquences concrètes de notre travail, ces articles qui entraînent une prise de conscience ou révèlent un sujet ignoré par la presse dominante. Cette semaine, l’agriculteur et militant René Louail nous explique comment une enquête de notre journaliste Sophie Chapelle, sur le glyphosate et la FNSEA, a interpellé le ministère de l’Agriculture.

« Le débat sur le prolongement de la licence d’autorisation du glyphosate, en Europe, a entraîné une véritable tempête médiatique ces derniers mois. Une fracture ouverte est apparue au grand jour, entre les victimes des pesticides, de plus en plus nombreuses, et les tenants d’un productivisme agricole et agroalimentaire. Dire de façon simpliste, qu’il s’agit d’un choix de société sans tenter de comprendre ce dilemme n’est plus à la hauteur des enjeux ; pour agir, il faut comprendre avant d’expliquer comment une organisation, « la FNSEA », bras armé de l’agroalimentaire, veut imposer des méthodes mortifères à toute une chaîne de production de biens alimentaires. Cette gageure, Sophie Chapelle l’a réalisé avec brio dans cet article de Basta! Bravo !

Syndicaliste paysan, ancien porte parole de la Confédération paysanne, conseiller régional en Bretagne de 2010 à 2015, comme beaucoup de paysans et responsables professionnels et politiques de ma génération, j’avais minimisé trop longtemps les dégâts causés par la chimie en agriculture sur la santé et l’environnement. C’est probablement une bonne dizaine d’années après mon installation, dans les années 80-90, que j’ai réalisé son impact néfaste. Ces substances qui consistaient à améliorer les conditions de travail et de revenu des paysans se sont révélés destructrices d’emplois et de vies. Qui n’a pas dans sa famille, son voisinage, des paysans atteints de maladies tel que Parkinson, Lymphome ou autres dont le lien avec les pesticides n’est plus à démontrer.

Cet article de Basta!, je l’ai lu, relu et diffusé

Pour nous paysans, cette prise de conscience remettait en cause des certitudes, un savoir, sur une période très courte ; ceci a évidemment entraîné des ruptures, notamment avec les organisations professionnelles dominantes, soient-elles coopératives qui continuent aveuglément cette trajectoire. Par la suite, il nous a fallu travailler à des pratiques alternatives, avec des échecs et des réussites, pour qu’elles deviennent crédibles et audibles, d’où l’importance de journaux indépendants pour continuer à nourrir nos connaissances et nos réflexions

Cet article de Basta!, je l’ai lu, relu et diffusé. Il aide à comprendre, à agir et à accompagner. Donner la parole aux victimes, aux acteurs, analyser les mécanismes qui poussent au productivisme est un exercice compliqué puisqu’il nécessite de regarder de l’intérieur comment fonctionne cette mécanique « bien huilée ». Démontrer, chiffres à l’appui, comment une des plus grandes coopératives française (Triskalia) est dans une logique capitaliste, loin de ce que nous sommes en droit d’attendre des acteurs de l’économie sociale et solidaire, avec son cortège de salariés et paysans empoisonnés aux pesticides ; c’est fait de façon exemplaire

Les retours ont été nombreux et de qualité ; ce qui néanmoins était inattendu était un appel en haut lieu – le ministère –, préoccupé par l’image négative de ces entreprises agroalimentaires, faisant le lien avec les trois recours devant le Conseil d’état de l’arrêté pesticides du 3 novembre dernier, porté par un collectif d’organisations avec les avocats Eva Joly et François Lafforgue, auxquels nous avons largement contribué.

Basta! doit continuer à rendre compréhensible des dossiers d’une grande complexité. Je soutiens et j’apporte ma modeste contribution à cette brillante équipe de journalistes. »

René Louail

Basta! c’est aussi grâce à vous que nous le construisons. Sans revenus publicitaires et sans actionnaires, nos ressources sont limitées et dépendent de votre participation à notre aventure. Si vous pensez que Basta! doit encore exister dans les années à venir, soutenez nous à la hauteur de vos moyens. En cette fin d’année, profitez de la déduction fiscale sur vos impôts 2018 en faisant un don à Basta ici, via la plateforme Okpal / J’aime l’info.

 Voir l’article en question : Pourquoi la FNSEA est-elle accro au glyphosate ?