Pesticides

Glyphosate : pour Macron, « la transition agricole est conditionnée au bon vouloir des lobbies de l’agro-chimie »

Pesticides

par Stéphen Kerckhove

Emmanuel Macron vient de déclarer ce 24 janvier que la France ne parviendrait pas à se passer « à 100% » du glyphosate dans les trois ans, contrairement à son engagement. « Gageons que d’ici 2020, Emmanuel Macron aura encore l’occasion de clarifier son propos ; comprenez : amender, reculer, préserver les intérêts des lobbies qui restent à la manœuvre », ceux de l’agro-chimie en l’occurrence, dénonce Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement.

Les récents propos du président de la République revenant progressivement sur son engagement d’interdire d’ici trois ans le glyphosate ne surprennent que les contempteurs du « en même temps ». Certains se sont risqués à traduire le macronisme en y cherchant une certaine forme de pragmatisme, là où ne résidait qu’un pur conformisme politique, une nouvelle forme de duplicité des mots.

Avec l’interdiction du glyphosate, nous entrons dans l’ère du vide politique et sa pâle figure du politicien multipliant les tweets en guise d’amuse-gueules.

C’est ainsi qu’après avoir commis un tweet - en date du 27 novembre 2017, dans lequel le chef de l’État s’engageait à interdire le glyphosate sous trois ans, ce même chef de l’État n’ a eu de cesse d’amender son propos. Dernière déclaration en date, le président de la République, devant un parterre de maires, a ainsi annoncé que l’interdiction du glyphosate ne serait pas totale. Gageons que d’ici 2020, Emmanuel Macron aura encore l’occasion de clarifier son propos ; comprenez : amender, reculer, préserver les intérêts des lobbies qui restent à la manœuvre.

De fait, le message est reçu cinq sur cinq par les lobbies qui n’auront qu’une chose à faire : démontrer l’impossibilité de se passer du glyphosate pour obtenir des exemptions à la future « interdiction ». Le message implicite adressé par le chef de l’État est donc que la transition agricole est optionnelle, conditionnée au bon vouloir des lobbies de l’agro-chimie.

A l’heure où de nouvelles études démontrent la contamination systématique des milieux écologiques et de nos propres corps par un herbicide dangereux, le chef de l’État préfère faire sienne l’aphorisme d’Edgard Faure selon lequel « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ».

« En même temps » donc, nous aurons un tweet et des discours contraires, une interdiction virtuelle et beaucoup de renoncements. Un autre chef de Gouvernement, Pierre Mendès-France, déclarait également que « gouverner, c’est choisir ». Mais n’est pas Mendès-France qui veut…

Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement

Photo : CC Mike Mozart

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