Le Collectif Haïti de France, association de défense des droits humains regroupant 80 associations de solidarité avec des partenaires haïtiens, s’inquiète fortement de la crise sociale, politique et humanitaire sans précédent qui touche Haïti.
La colère du peuple dure depuis plus d’un an et ne faiblit pas. Malgré 17 personnes tuées et 189 blessées rien que du 16 au 30 septembre 2019, la population montre une extrême détermination à changer la société actuelle et à demander justice. Les manifestations répétées depuis le 16 septembre engendrent une situation de blocage des activités, le manque de carburant, de nourriture, de médicaments et de produits de première nécessité. Les hôpitaux ne peuvent plus recevoir les malades et les blessés, la rentrée scolaire n’a pu être assurée.
©Nou pap dòmi.
Le pays entre dans une crise humanitaire d’ampleur inégalée. Il semble évident que la mobilisation citoyenne sans précédent qui se maintient depuis l’été 2018 demande un changement profond du système politique, économique et judiciaire est revendiqué, pour exiger vérité et justice dans l’affaire des détournements de fonds Petrocaribe, pour atteindre une stabilité politique et sociale, que de nouvelles élections ne suffiraient pas à satisfaire.
La société civile demande la démission du président et des parlementaires
Les organisations de la société civile réclament désormais la démission du président Jovenel Moïse, ainsi que celle des parlementaires, et la mise en place d’un gouvernement de salut public avant l’organisation de nouvelles élections. La corruption et l’impunité ne peuvent plus être tolérées, seule
la justice sociale permettra un retour à la paix et à la stabilité.
– Haïti : « C’en est assez ! Il faut une rupture avec cette classe dominante qui est dans le mépris total »
Depuis des décennies, les rapports des experts indépendants du Haut-Commissariat des Nations unies aux Droits humains sur la situation en Haïti pointent l’inégalité sociale et les droits économiques, sociaux et culturels ainsi que l’impunité et les violations commises dans le passé comme facteurs clés d’une situation extrêmement grave. Le Collectif Haïti de France se joint aux nombreuses voix qui se sont élevées à travers Haïti pour exiger de ne pas mener le pays à une insurrection violente, et d’écouter la demande légitime du peuple.
Photo de une : Manifestation le 2 septembre / ©Nou pap dòmi