Délit de solidarité

Hôtel de luxe et esclavage font-ils bon ménage ?

Délit de solidarité

par Nolwenn Weiler

Le 13 juillet dernier, une Éthiopienne de 24 ans, réduite en esclavage par ses employeurs, était libérée suite à l’intervention de la police française. Résidant à Dubaï, la famille qui exploitait la jeune femme depuis 18 mois était en vacances à Paris, et séjournait à l’hôtel quatre étoiles Concorde Opéra. Ce sont des employés syndiqués de l’hôtel de luxe qui ont alerté la police. Mais ils n’ont eu droit à aucune félicitations de leur direction. Bien au contraire.

« Ils ont reçu des mises en garde de la direction de l’hôtel leur reprochant notamment de ne pas l’avoir avertie de l’existence de cette situation. Mais ils ne l’ont pas fait tout de suite de peur qu’elle ne prévienne la famille », a expliqué à l’AFP Claude Lévy, délégué CGT des hôtels de prestige. Pour le syndicaliste, « l’esclavage moderne est une problématique récurrente dans les hôtels de luxe », et la direction « n’a pas toujours le réflexe de prévenir les autorités ». De peur qu’elles importunent leurs fortunés clients ? Et de voir chuter son chiffre d’affaire ?

« Pour nous, cette information donnée par le personnel des grands hôtels est indispensable, rappelle le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM). Ce n’est pas la première fois que nous sommes avertis ainsi de situations d’esclavage domestique dans de grands hôtels. Nous pouvons ainsi alerter la police qui vient délivrer ces jeunes femmes enfermées, comme ce fut le cas le 13 juillet. Jusque là, les employés n’avaient jamais été inquiétés après coup. » Contactée par l’AFP à propos de cette grande première, la direction de l’hôtel Concorde Opéra n’a pas souhaité réagir.