Climat

Irrintzina, un documentaire sur ces militants mobilisés pour sauver la planète

Climat

par Simon Gouin (Grand Format)

Du fauchage des chaises des agences de la BNP Paribas au blocage du sommet des pétroliers off-shore de Pau, le documentaire « Irrintzina, le cri de la génération climat », est désormais en accès libre sur Internet. Le film retrace l’émergence d’un mouvement non-violent contre le changement climatique. Pendant de longs mois, les réalisateurs ont accompagné ces militants qui tentent de faire bouger les lignes politiques, avant qu’il ne soit trop tard.

Le film Irrintzina, le cri de la génération climat, sorti en 2017, raconte la construction d’un mouvement non-violent contre les changements climatiques. Pendant de longs mois, les réalisateurs, Sandra Blondel et Pascal Hennequin, de Fokus21, accompagnés de techniciens et journalistes de médias alternatifs, ont filmé ces militants qui tentent d’alerter de l’urgence du changement climatique. Du village des alternatives (Alternatiba) de Bayonne, en septembre 2013, à une action non-violente contre le sommet des pétroliers off-shore de Pau, en mars 2016, Irrintzina (« cri », en basque) nous plonge au cœur de cette mobilisation qui entend mêler deux combats complémentaires.

D’abord montrer que des alternatives sociales, écologiques et économiques sont possibles et existent déjà. Ensuite que le combat politique est primordial, car l’urgence climatique ne peut attendre que les changements individuels influencent progressivement le reste de la société. Ce que résume Jon Palais, militant de l’organisation basque Bizi !, que l’on suit tout au long du film : « On a 10 ans [pour agir]. Si j’avais 300 ans, je changerais mon mode de vie pour le rendre exemplaire et tenter d’influencer les autres. En 10 ans, ça ne marchera pas. Il faut faire les alternatives mais ne pas croire que cela suffira. Il faut aussi batailler au niveau politique. »

La bataille politique est d’abord médiatique : les militants tentent d’attirer l’attention sur les principaux responsables du réchauffement climatique – les entreprises pétrolières, les banques qui les soutiennent. Ils multiplient les actions de désobéissance civile et les mobilisations spectaculaires, du fauchage des chaises des agences BNP-Paribas au blocage du sommet pétrolier de Pau, en passant par la chaîne humaine en plein état d’urgence, à Paris et dans d’autres villes, quelques semaines après les attentats. Sans rapport de forces, pas d’avancées envisageables à la hauteur des enjeux...

Actions médiatiques et désobéissance civile

Irrintzina souligne l’inventivité, le courage et la détermination de cette « génération climat ». Au milieu de ces actions collectives, la voix off de Sandra Blondel, la réalisatrice, qui témoigne de sa propre prise de conscience, nous suggère l’impact de ces mobilisations sur les citoyens parfois éloignés de ces préoccupations. Le film met également en avant l’organisation et la programmation minutieuses de ces mobilisations, dont la non-violence est le mot d’ordre. « Avec la pratique, j’ai vu qu’une stratégie non-violente et déterminée était plus efficace qu’une stratégie violente », raconte un des fondateurs de Bizi !, Txetx Etcheverry.

On trouve dans Irrintzina, le cri de la génération climat, cette belle énergie de voir se mettre progressivement en place ces actions médiatiques censées changer le cours des choses et faire avancer l’histoire. Une énergie qui ressort du film 120 battements par minute, sur le combat d’Act-Up pendant les années 1990, alors que les pouvoirs publics et qu’une grande partie de la société fermaient les yeux sur le Sida. Les techniques d’Act-Up ont inspiré l’organisation basque Bizi !, à l’origine du mouvement Alternatiba. Leur lutte est principalement le réchauffement climatique. Mais l’enjeu est le même : faire bouger les lignes politiques, le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard.

Simon Gouin

En savoir plus sur le film, dont Basta! est partenaire : le site Internet, les projections, le compte Twitter.