Bétonisation

Alors que le béton s’apprête à ensevelir les Jardins ouvriers d’Aubervilliers, la mobilisation se poursuit

Bétonisation

par Anne Paq, Pierre Jequier-Zalc

Ce mercredi matin, une action s’est déroulée pour retarder la bétonisation d’une partie des jardins ouvriers d’Aubervilliers. Plusieurs parcelles doivent être détruites en vue des JO 2024.

« Alors que les travaux continuent et que le béton s’apprête à être coulé sur les jardins d’Aubervilliers, nous riposterons pour les défendre avant qu’il ne soit trop tard. » C’est par ces mots que les différents collectifs de lutte contre le projet de piscine olympique et de solarium, qui doit voir le jour à Aubervilliers, ont expliqué, dans un communiqué, leur action de ce mercredi matin.

« Pas d’autres options que s’interposer physiquement »

Peu après 6 heures du matin, à côté de la station de métro Fort d’Aubervilliers, une trentaine de militant.e.s investissent les lieux du chantier pour occuper la grande bétonneuse qui trône là où auparavant était située des parcelles des jardins des vertus. Un dialogue s’instaure avec les ouvriers présents qui ne se sont pas opposés à l’action. « On est là, ce matin, parce qu’on a plus d’autre issue. Il y a encore des procédures juridiques en cours. Couler le béton causerait des dommages irréversibles aux jardins. Il n’y a pas d’autres options que de s’interposer physiquement », souligne Dolorès, une militante qui détenait une parcelle dans ces jardins. Une procédure juridique, concernant le PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal), est toujours en cours. Aujourd’hui, en lieu et place de certains potagers, tout a été rasé, remplacés par d’importants engins de chantiers.

Traînés dans la boue
Suite à l’action, quatorze personnes ont été interpellées et emmenées au commissariat. Sept ont été notifiées d’un placement en garde à vue.
Anne Paq

Une piscine olympique et un solarium doivent voir le jour à cet endroit d’ici 2024, en vue des Jeux olympiques de Paris. Ces installations, imaginées par Grand Paris Aménagement (GPA), empiètent sur une partie des jardins ouvriers d’Aubervilliers, un lieu historique depuis près de 90 ans. Poumon vert d’une ville ultra urbanisée, espace de biodiversité, de création de tissu social, c’est pour toutes ses raisons que le collectif pour défendre les Jardins des Vertus s’est créé pour lutter contre sa destruction.

Attachés à la bétonneuse
Certain.e.s militant.e.s se sont attachées à la bétonneuse à l’aide d’antivols pour vélo.
Anne Paq

« Pendant un an, une intense mobilisation citoyenne s’est organisée, les militant.e.s ont produit un projet alternatif conciliant construction d’une piscine de taille raisonnable et préservation des jardins, rencontrant tous les acteurs publics engagés, vulgarisant auprès des habitant.es du quartier les dessous du projet, et récoltant alors plus de 90 000 signatures contre le projet actuel », raconte le collectif dans son communiqué.

Depuis le début de l’année 2021, de nombreuses actions ont été organisées pour tenter d’empêcher la construction de ces infrastructures – alors que des alternatives ont aussi été proposée – et de préserver ces espaces verts. En mai 2021, une partie des jardins a été occupée à temps plein, devenant une « JAD » : des Jardins à défendre, en référence aux ZAD nées à Notre-Dame-des-Landes. La JAD a été expulsée le jour de la rentrée scolaire, comme vous le racontait Basta!

Quatorze interpellations, sept gardes à vue

Cette expulsion n’a pas arrêté la lutte. Depuis, de nombreuses actions (manifestations, tentatives d’occupation, blocages de chantier) ont continué d’avoir lieu, sans empêcher toutefois les travaux de commencer. Le chantier a également été entravé par un vice de forme dans le permis de construire, qui, depuis, a été modifié.

Ce mercredi matin, de grandes banderoles, sur lesquelles on peut lire « Le solarium de la honte c’est ici ! Stop au Béton ! JO/SGP (Société du Grand Paris) = écocide », ont été déployées sur la bétonneuse. Aux alentours de 8 h 45, la police est intervenue pour évacuer les activistes. Certain.e.s se sont attachées à la bétonneuses à l’aide d’antivols pour vélo. Quatorze personnes ont été interpellées et emmenées au commissariat. Sept ont été notifiées d’un placement en garde à vue. Le collectif appelait, ce mercredi matin, à un rassemblement de soutien.

Pierre Jequier-Zalc
Photos © Anne Paq