Globalisation

L’Onu veut réguler le commerce des armes

Globalisation

par Ivan du Roy

Ce n’est pas encore un vrai cadeau de Noël pour les millions de personnes victimes de guerres civiles sans fin en Colombie, en République démocratique du Congo ou en Somalie, et alimentées en armes par le commerce légal ou illégal. Mais presque. 133 Etats ont majoritairement voté en faveur d’un traité international sur le commerce des armes, ce 24 décembre, à l’Onu. Seuls les Etats-Unis ont voté contre. Vote symbolique ou premier pas vers un réel contrôle du commerce des armes ? « Ce vote n’est qu’une étape, il faut d’urgence arrêter la vague des transferts d’armes irresponsables qui dure depuis des années, et qui continue de bloquer le développement de trop nombreux pays dans le monde », a commenté Nicolas Vercken, membre de l’organisation non gouvernementale Oxfam–Agir ici, pilier en France, avec Amnesty International et le Secours Catholique, de la campagne citoyenne « Contrôlez les armes ». Les ONG appellent Barack Obama à engager les Etats-Unis sur le chemin d’une « position favorable à un intérêt international commun respectant les droits de la personne, le droit international humanitaire et le développement économique et social.

La plate-forme « Contrôlez les armes » a été lancée en 2006, sur le modèle de la campagne citoyenne pour l’interdiction des mines anti-personnel. Celle-ci avait abouti à l’entrée en vigueur d’un traité international en 1998. La campagne « Contrôlez les armes » vise à rendre de plus en plus difficile – si ce n’est y mettre fin - le commerce d’armes vers des pays ne respectant pas un certain nombre de critères démocratiques, économiques, sociaux et de respect des droits humains. Elle a entre autres contribué à ce que l’Union européenne rende contraignant son « Code de conduite en matière d’exportation d’armements » début décembre 2008.

Selon les ONG, 383 millions d’armes légères – pistolets, fusils mitrailleurs, lance-roquettes – circulant dans le monde, seraient aux mains de civils, groupes paramilitaires, bandes armées ou milices, soit 60% des armes légères existantes. Et huit millions d’armes nouvelles sortent chaque année de milliers d’usines, pour approvisionner un marché mondial contrôlé à 90% par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France et Israël. Une partie de ces armes alimentent directement ou indirectement les nombreux conflits armés qui ruinent notamment le continent africain et provoquent la mort de 547 enfants pas jour, selon l’Unicef. Le commerce des armes et les budgets qui lui sont consacrés freinent également le développement économique et social. « Le total des dépenses en armement de l’Asie, du Moyen-Orient, de l’Amérique Latine et de l’Afrique est estimé à 22 milliards de dollars pour l’année 2004. Cette somme aurait permis de scolariser chaque enfant de ces pays et de réduire la mortalité infantile de deux tiers d’ici à 2015, réalisant ainsi deux des Objectifs du Millénaire pour le Développement », pointe les ONG.

La ratification puis l’entrée en vigueur du traité risquent encore de prendre quelques années. Et encore faudra-t-il que les Etats signataires se dotent de véritables moyens pour contrôler le commerce des armes.