Prison

L’ancien militant italien Cesare Battisti, à l’isolement depuis 28 mois, mène une grève de la faim

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par Rachel Knaebel

L’ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme, condamné pour homicides et qui a vécu longtemps en France, a cessé de s’alimenter depuis le 2 juin. Incarcéré à l’isolement depuis 2019, il demande à purger sa peine en détention ordinaire.

Cesare Battisti, militant de la lutte armée italienne dans les années 1970 au sein des Prolétaires armés pour le communisme, condamné à la perpétuité pour quatre homicides, est en grève de la faim depuis le 2 juin. « Il ne demande absolument pas de remise de peine, la seule chose qu’il voudrait, c’est pouvoir sortir de l’isolement », dit à basta! sa fille française Valentine.

Cesare Battisti a vécu en France de 1990 à 2004, sous la protection du président François Mitterrand qui s’était engagé à n’extrader aucun militant d’extrême gauche ayant renoncé à la lutte armée. En 2004, sous la présidence de Jacques Chirac, le gouvernement français a finalement décidé d’extrader Battisti, qui s’est alors réfugié au Brésil, avant d’être arrêté et renvoyé en Italie en 2019.

Aucune réponse de l’administration pénitentiaire

L’ancien militant, aujourd’hui âgé de 67 ans, a d’abord passé 20 mois dans une prison de Sardaigne, où il purgeait sa peine sous un régime de haute sécurité et à l’isolement. Puis il a été transféré vers la prison de Rossano, en Calabre, aux côtés de détenus condamnés pour terrorisme islamiste. « Le quartier de haute sécurité de Rossano est une tombe, tout le monde le sait. Rien ni personne n’entre ou ne sort d’ici pour quelque raison que ce soit, si ce n’est pour rejoindre la salle d’appel vidéo une fois par semaine », a écrit Cesare Battisti dans une lettre adressée à sa famille et que ses proches ont rendu publique.

« Il nous parle, à ses enfants une fois par semaine, et à sa sœur. Sinon, il est tout le temps seul, nous dit sa fille Valentine. Il arrive au terme de 28 mois d’isolement de fait, dans un environnement particulièrement dur. Il est à bout de n’avoir droit à aucune interaction sociale et de ne pratiquement pas pouvoir recevoir de visites de sa famille. Ses frères et sœur les plus proches vivent à plus de 500 kilomètres de son lieu de détention, et sont trop âgés pour entreprendre facilement le voyage. Quand à nous, depuis la France, c’est pratiquement impossible. Je n’ai pu le voir qu’une seule fois depuis 2019. »

Cesare Battisti demande à bénéficier d’un régime de détention ordinaire, et à sortir de l’isolement. Selon sa fille, l’administration pénitentiaire italienne n’a pas réagi depuis le début de la la grève de la faim de Battisti. « Je lui ai parlé il y a une semaine, il n’avait aucun retour de l’administration pénitentiaire. »

Rachel Knaebel

Image : JoshuaDavisPhotography (CC BY-SA 2.0)