Il y aura du monde ce vendredi 18 décembre devant le siège du Conseil départemental des Yvelines, dirigé par Pierre Bédier (Les Républicains). Les élus doivent voter la suppression – ou non – de leurs conventions avec plusieurs associations chargées de faire de la prévention auprès des jeunes des quartiers de onze villes du département. « Si la décision se confirmait, plus de 3500 adolescents et adolescentes ne seraient plus accompagnés individuellement, prévient le collectif Prévention spécialisée des Yvelines, constitué autour d’une vingtaine d’organisations et qui tente d’empêcher cette suppression [1]. Il pointe « les conséquences désastreuses de cet abandon sur les parents, les fratries » ou la cohésion sociale. « Nous intervenons auprès des jeunes des quartiers populaires, décrit Marielle Rousselot, éducatrice de rue. Amputer nos budgets cela revient à dire que nos missions ne servent à rien. Nous pensons au contraire que l’éducation a plus que jamais son importance. »
« Les éducateurs de rue développent leur action éducative pour transformer la colère des jeunes marginalisés, leur éviter l’engagement dans des idéaux mortifères, les accompagner pour qu’ils prennent leur place dans une société qui continuerait à les accueillir, rappelle le collectif national des associations citoyennes. Au moment même où le pays affirme son unité pour faire échec à tous les extrémismes, la volonté de faire place à toutes les jeunesses pour faire société commune doit être rappelée et indéfectible. » « Est-ce vraiment le moment d’abandonner la jeunesse de notre pays ? » interroge le collectif des Yvelines, qui estime qu’environ un tiers des 150 salariés en charge de la prévention pourraient voir leur emploi supprimé. « Pour justifier les coupes budgétaire, les conseillers départementaux disent qu’ils ont eux-mêmes des baisses des dotations d’État, et qu’il faut bien qu’ils taillent quelque part, poursuit Marielle Rousselot. Pourtant, ce qu’ils donnent à la prévention tous les ans c’est à peine 1% du budget global du département. »
Face aux protestations, le vote de cette décision, initialement programmée le 27 novembre, a été reporté. Une élue a été chargée d’une mission d’étude pour réexaminer le projet initial. « Elle a rencontré les diverses associations concernées, rapporte Marielle Rousselot. Mais on a peu d’échos sur ses conclusions. Peut-être que les élus renonceront à la réorganisation territoriale qui couperait le territoire en deux, pour limiter le nombre d’interlocuteurs. Actuellement, il y a une dizaine d’associations. » Si ce découpage était retenu, il y aurait des appels d’offres pour gérer les deux territoires. « Cela met les associations en concurrence. Les petites associations qui font un travail très local seraient clairement menacées. Elles ne pourront pas répondre à une demande de gestion d’un territoire si étendu. » Le collectif a appelé les jeunes, leurs familles, les professionnels de la prévention spécialisée, les acteurs de la société civile, les organisations syndicales et politiques, et les élus à se réunir pour faire pression. Une pétition a été mise en ligne.
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