Mobilisation

L’épandage de pesticides interdit en Argentine

Mobilisation

par Sophie Chapelle

Une décision judiciaire a confirmé le 21 février l’interdiction d’épandage de pesticides à proximité de Urquiza, une zone urbaine dans la province de Santa Fe (Argentine). Il s’agit du premier cas argentin d’interdiction d’épandage pour raisons sanitaires, alors que les plaintes des riverains liées aux pesticides s’entassent par centaines dans les tribunaux. Désormais, l’épandage terrestre devra être effectué au moins à 800 mètres du quartier de Urquiza, et à 1.500 mètres en cas d’épandage aérien. Cette décision s’appuie sur le principe de précaution, dans un pays qui a fait de la culture intensive de soja le pilier de son modèle agricole. En septembre, Basta! relayait l’étude de chercheurs argentins révélant les malformations du cerveau générées par l’utilisation du glyphosate, matière active de pesticide.

Un premier jugement a été rendu en mars 2009 par le tribunal de Santa Fe ordonnant la suspension immédiate de l’épandage aérien à proximité des zones urbaines. Un jugement confirmé en deuxième instance, au grand dam des producteurs de soja, de la municipalité et du gouvernement provincial qui avaient fait appel. La Cour d’appel a également ordonné au gouvernement de Santa Fe de démontrer la non-nocivité pour la santé des produits chimiques. La charge de la preuve incombe désormais à ceux qui utilisent les pesticides.

Cette décision fera jurisprudence. Elle s’inscrit dans une large mobilisation des communautés locales contre l’expansion des cultures de soja transgénique et l’usage irrationnel des pesticides qui en découle. À Santa Fe, la campagne « Stop à l’épandage » implique aujourd’hui plus de 70 villages. Le Centre de Protection de la nature, actif dans cette campagne et partie civile au procès, s’organise pour demander l’interdiction d’épandage dans les 300 villages concernés à Santa Fe. En France, la Semaine pour les alternatives aux pesticides a débuté le 20 mars.

Sophie Chapelle