Radioactivité

L’utilisation croissante de scanners médicaux, un risque pour la santé ?

Radioactivité

par Sophie Chapelle

L’augmentation des doses de radioactivité délivrées aux patients par imagerie médicale, en particulier par les scanners, « devient préoccupante et doit être maîtrisée », a alerté le 6 juillet l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). La dose moyenne par habitant du fait d’expositions médicales « a augmenté de près de 50% depuis 2002 » précise l’ASN. Elle atteindrait 1,3 millisieverts (mSv) par an. Les scanners joueraient un rôle prépondérant dans cette augmentation.

Selon un bilan des expositions en imagerie médicale réalisé en 2007, les scanners représentent 10% des examens et 58% des doses reçues. Un scanner du corps entier selon le Dr Michel Bourguignon de l’ASN, peut atteindre 20 mSv. Soit l’équivalent du niveau qu’un travailleur du nucléaire ne doit pas dépasser en une année. Le risque pour les radiologues et leurs assistants de dépasser cette dose est important, « du fait de leur travail à proximité des sources de rayons X lors des actes qu’ils réalisent ». Dans le domaine de la radioprotection, il est admis que le risque de développer à terme un cancer augmente à partir de 100 mSv pour l’adulte et 50 mSv pour l’enfant… En clair, avec plus de deux scanners annuels du corps entier, l’enfant arrive au seuil des 50 mSv et risque un cancer radio-induit.

L’ASN prône un rééquilibrage du parc des appareils d’imagerie médicale en faveur des IRM, qui fonctionnent par résonance magnétique et n’utilisent donc pas de rayons ionisants. Le problème est que l’IRM coûte deux fois plus cher qu’un scanner. Ces appareils sont aujourd’hui en nombre insuffisant : 8,7 appareils d’IRM pour un million d’habitants en moyenne, en Europe.

L’ASN recommande par ailleurs d’améliorer la formation des praticiens : « Il est tout à fait possible de réduire les doses tout en conservant une très bonne image », affirme Jean-Luc Godet, directeur des rayonnements ionisants et de la santé de l’ASN. L’Autorité souhaite que soit réellement appliqué le « principe de justification » prévu par le Code de la santé publique, c’est-à-dire que chaque examen soit « effectivement utile ». Cela implique de limiter les examens répétés pour une même personne. On connaissait le slogan : « Les antibiotiques, c’est pas automatique. » Désormais, ce sera : « La radiologie, ça se justifie. »

Sophie Chapelle