Energies

La France va-t-elle financer les gaz de schiste en Europe ?

Energies

par Maxime Combes

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) vient d’affirmer à Reuters que « 2013 serait dans une large mesure une année d’investissement dans le secteur énergétique en Pologne ». Pour réduire la dépendance de ce pays au charbon, la BERD a prévu de financer des projets nucléaires, de gaz de schiste et d’énergies renouvelables. Pour Lucyna Stanczak, haut-dirigeant de la BERD en Pologne, « les gaz de schiste sont une des priorités des politiques énergétiques en Pologne et nous ne pouvons ignorer cela ».

Organisation internationale créée à Paris en 1990 sur proposition de François Mitterrand, la BERD était chargée de financer le passage à une économie de marché dans les pays d’Europe centrale et orientale, investissant largement dans le développement des secteurs financiers des pays concernés. Près de la moitié des 700 millions d’euros investis en Pologne l’ont été dans ce secteur en 2012. Depuis quelques années, la BERD élargit sa palette d’intervention et finance de plus en plus le secteur de l’énergie. Elle serait sur le point d’inclure le financement de projets d’extraction d’hydrocarbures non conventionnels dans sa stratégie de financement 2014 – 2016.

Au delà de la Pologne, ce sont tous les pays d’Europe centrale et orientale qui pourraient donc faire appel à la BERD pour financer l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de schistes. La France est l’un des plus gros actionnaires de la BERD, avec près de 13 % du capital, soit près de 2,5 milliards d’euros de fonds publics. Elle est représentée à son Conseil d’Administration, en charge de définir sa stratégie de financement, par un gouverneur officiellement contrôlé par Bercy. Prompt à annoncer ne pas vouloir rouvrir le débat en France, le gouvernement français va-t-il cautionner et financer le déploiement des hydrocarbures de schiste et l’utilisation massive de la fracturation hydraulique, seule technique existante, dans d’autres pays voisins ? La perspective de cet investissement public européen ne devrait pas déplaire à Total, qui a récupéré une partie des concessions détenues par ExxonMobil en Pologne. Reste que les premiers forages se révèlent décevants. L’évaluation des réserves polonaises a été divisée par trois depuis les premières estimations de l’Agence américaine d’information sur l’énergie.