Violences policières

La croisade de Guéant contre « la surveillance des flics »

Violences policières

par Sophie Chapelle

Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, a dans son collimateur le site Copwatch (littéralement « surveillance de flics »). Il a déposé le 7 octobre un référé au tribunal de grande instance de Paris pour demander le blocage du site Copwatch Nord-Paris-Île-de-France par les fournisseurs d’accès Internet. Cette demande devrait être examinée le 12 octobre prochain.

Parti des États-Unis, le mouvement Copwatch se décrit comme un « collectif de citoyens souhaitant lutter par la transparence et l’information contre les violences policières ». « Surveiller ceux qui nous répriment » est donc la mission que s’est assignée Copwatch Nord-Paris-Île-de-France. Concrètement, le collectif appelle à se servir « de caméras vidéo et d’appareils photo numériques ». À partir d’un « travail de terrain », les « copwatchers » postent sur les pages du site les photos et vidéos des violences et bavures de policiers et gendarmes dont ils sont témoins. L’enjeu : mettre un terme aux violences policières.

Le 30 septembre dernier, le syndicat Alliance, deuxième syndicat de gardiens de la paix, a dénoncé un « fichage » de « dizaines de policiers » sur Copwatch, et déposé une plainte. Le syndicat policier reproche au site de fournir « des renseignements précis sur l’ensemble des forces de l’ordre par le biais d’articles, d’images photo et vidéo » et de faire passer la police et la gendarmerie « pour des nuisibles ». D’après Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère, ces pages sont « diffamatoires et injurieuses » et « mettent en péril la sécurité des fonctionnaires de police et des militaires de la gendarmerie ». La demande de référé s’appuie sur une plainte déposée le 3 octobre par un agent de Seine-et-Marne qui, après avoir reçu une cartouche de chasse dans sa boîte aux lettres, a incriminé le site Copwatch, où figurait sa photo.

Même si le site est bloqué, Copwatch Nord-Paris-IDF n’en restera pas là, à en croire leur communiqué : « Nous n’arrêterons jamais nos traques. » Aux États-Unis, les 75 groupes de Copwatch ont créé une base de données nationale regroupant les informations sur 212 000 officiers de police américains. « La CIA et le FBI n’ont jamais réussi à la supprimer », avertissent les Copwatchers.

[Mise à jour du 17 octobre] : le tribunal de Grande Instance de Paris a décidé de répondre à la demande du gouvernement le 14 octobre 2011, en proclamant l’interdiction du site Copwatchnord-idf.org. Le site reste néanmoins accessible par des outils tels que Tor ou I2P, indiquent les Copwatchers.