Une gravière est une carrière de graviers et sables. « Après avoir décapé les premiers mètres de sol et atteint la surface de la nappe phréatique, les excavatrices plongent leur bras dans l’eau pour en ressortir les graviers », relate l’organisation Extinction Rebellion Ariège (XR). Or, ces exploitations de granulats se situent sur une des plus importantes nappes phréatiques de la région Occitanie. 240 hectares sont actuellement concernés en Ariège. Mais le schéma régional des carrières d’Occitanie a récemment entériné leur extension sur 800 hectares supplémentaires. Autant de terres agricoles confisquées.
Selon le Bureau de recherches géologiques et minières, « la baisse mesurée du niveau de la nappe est d’au moins trois mètres depuis 1996, du jamais vu sur toute la vallée », souligne Thierry Imbaud, paysan et membre de la Confédération paysanne en Ariège, dans la revue Campagnes solidaires. Les petits cours d’eau descendant des Pyrénées, qui se situent en dehors des sites exploités sont maintenant à sec une grande partie de l’année. Avec l’extension de l’exploitation, « les terres agricoles se retrouveront dans un état de sécheresse agronomique permanente à cause du rabattement de la nappe. Elle sera de plus en plus sévère au fur et à mesure de l’exploitation. »
Pollution microbiologique et chimique
D’après XR Ariège, cette exploitation est « avant tout destinée au BTP, qui réclame l’extraction de 350 millions de tonnes par an de sable et graviers pour construire ses projets écocides et mortifères, rien qu’en France. La seule matière que ces industries consomme plus encore, c’est l’eau ! Le projet c’est bien d’appuyer sur l’accélérateur, de tout pomper, vite, avant que tout ne soit pompé. »
Les opposants dénoncent également le remblaiement de ces gravières par les déchets du BTP soit disant « inertes ». Les trous creusés jusqu’à 15 ou 30 mètres de profondeur sont en effet, par la suite, remplis de déchets et recouverts de terre. « L’enfouissement de ces déchets, qui est payante pour les dépositaires, est une véritable manne financière pour les carriers », relève Thierry Imbaud.
Mais surtout, les associations environnementales craignent une pollution microbiologique, et chimique en fer et aluminium, ainsi qu’en hydrocarbures aromatiques polycycliques due aux déchets de goudrons. « Ces déchets pas ou peu triés contiennent entre autre, des styrènes (plaques isolation), du bisphénol A, des plastiques, du béton contenant de l’aluminium, des déchets de métaux non recyclés, du plâtre seul ou lié, des pneus, des enrobés et goudrons de voirie, des isolants électriques, des boiseries peintes ou traitées » égrène Thierry Imbaud.
Le contrôle est effectué par les salariés des carrières, soumis par contrat à l’autorité de leur employeur. Quelques rares contrôles des services de l’état sont effectués, ponctuellement et sur rendez-vous avec l’exploitant. « Non seulement les gravières épuisent la nappe, mais elles polluent les sols », dénonce ainsi le collectif « Stop gravières », créé en mars 2023.
Extinction Rebellion Ariège appelle à une manif’action du 31 mai au 2 juin en Basse-Ariège. « Parce que nous ne voulons pas d’autoroutes, d’aéroports, de LGV, et globalement de la course au béton, nous ne voulons pas de gravières. Parce que nous refusons que la terre et les ressources en eau soient pillées dans ce but, nous ne voulons pas de leur projet. »
– Toutes les infos de la lutte contre les gravières en Ariège : https://t.me/infolagravieresamuse et https://linktr.ee/lagraviereestuneordure
Photo de une : manifestation contre les gravières en Ariège le 1er juillet 2023 / © Extinction Rebellion Ariège