Transparence

La publication des patrimoines ne règle pas le problème des conflits d’intérêts

Transparence

par Rédaction

Le gouvernement vient de publier la déclaration de patrimoine de chacun des 38 ministres. Et les commentaires aussi divers que stériles foisonnent : un tel est trop riche pour être honnête, une telle est suspecte de ne l’être pas assez. La députée écologiste Isabelle Attard le rappelle : « Ces publications n’ont d’intérêt que si elles sont suivies de mesures législatives contraignantes, concernant les conflits d’intérêts. » C’est bien la question centrale.

J’ai rendu publique ma déclaration de patrimoine de début de mandat
parlementaire. L’objectif de cette décision est de démontrer, volontairement, que je n’ai rien à cacher.

La publication de cette déclaration pose néanmoins de sérieux
problèmes de respect de la vie privée. Un parlementaire est riche ? Il recevra des commentaires concernant les origines supposées malhonnêtes de ces biens. Un parlementaire a un patrimoine modeste ? Il sera accusé de
dissimuler, ou de mal gérer son argent. Ce qui pose alors la question
de sa compétence à prendre des décisions concernant la gestion du
pays.

Ces remarques sont particulièrement injustes. Le seul moyen d’y
répondre serait de mettre toute sa vie privée sur la place publique.
Les histoires de famille. Les accidents de la vie. Les mauvais choix.

Est-on un mauvais parlementaire lorsque l’on a divorcé ? Que l’on a
perdu sa maison dans un incendie ? Est-on un mauvais ministre lorsque l’on a fait le choix de dépenser son argent plutôt que de l’économiser ? Lorsque l’on subvient aux besoins de ses parents âgés ?

Ces arguments auraient pu me pousser à ne pas publier ma déclaration
de patrimoine. Je l’ai cependant fait, en réaction à la situation
exceptionnelle que nous traversons. Mais ces publications n’ont
d’intérêt que si elles sont suivies de mesures législatives
contraignantes, concernant les conflits d’intérêts. Bien plus que
celle du patrimoine, la question centrale est celle des conflits
d’intérêts.

Une résidence secondaire dans une commune est-elle en lien avec
l’attribution de la réserve parlementaire ? Un passé professionnel
semble-t-il lié à la proposition d’un amendement favorable à un
secteur d’activité ? Un projet de loi est déposé en faveur d’une
association à laquelle appartient un membre de la famille du
parlementaire ?

Plutôt que l’adresse précise de chaque demeure, ce sont ces questions
de conflits d’intérêt qui doivent apparaître au grand jour. C’est là tout le sens de la proposition de loi déposée par le groupe écologiste mercredi dernier, en faveur de la transparence des activités parlementaires.

Isabelle Attard, députée écologiste du Calvados

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