La rentrée scolaire se fait avec un gouvernement démissionnaire. La situation est inédite, 50 jours après le second tour des élections législatives anticipées qui a vu le Nouveau Front Populaire arriver en tête, mais sans majorité absolue à l’Assemblée. Dans l’attente de la nomination d’une ou d’un Première ou Premier ministre, l’exécutif est censé rester cantonné aux « affaires courantes ».
Une organisation de jeunesse, l’Union étudiante, appelle à une manifestation le 7 septembre face à ce qu’elle juge être un « coup de force » du président de la République. « Lundi 26 août, Emmanuel Macron a exprimé son refus de nommer Lucie Castets comme Première ministre et un gouvernement du Nouveau Front populaire », écrit-elle. L’Union syndicale lycéenne s’est jointe à l’appel ainsi que d’autres mouvements et organisation de jeunesse, comme les jeunes de Génération.s, ceux des Écologistes, mais aussi le Planning familial.
LFI appelle à manifester
La France insoumise (LFI) a été le premier parti politique à se joindre à l’appel. LFI répertorie l’ensemble des manifestations prévues. Sans désavouer la manifestation, le Parti socialiste n’a pas appelé à s’y joindre. Les Écologistes ont en revanche prévu de participer. « Nous serons le 7 septembre dans la rue avec ceux qui le souhaitent », a indiqué Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, sur LCI le 28 août. Les communistes appellent également à rejoindre la mobilisation du 7 septembre pour« des avancées sociales et démocratiques ».
Grève des enseignants le 10 septembre
« Au déni des urnes, s’ajoute le déni de notre quotidien, de nos réalités », écrit dans un communiqué le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire chez les enseignants du premier degré. Ils reprochent à Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, d’avoir annoncé, lors de sa conférence de presse de rentrée le 27 août, « une politique éducative en totale continuité avec celle du “choc des savoirs’’ [réforme voulue par Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation], pourtant très fortement contestée ». Aux côtés de la CGT Éduc-Action et Sud Éducation, le SNUipp-FSU appellent les professeurs des écoles à se mobiliser le mardi 10 septembre contre la généralisation des évaluations nationales à tous les niveaux de l’école élémentaire.
Jusqu’ici, ces évaluations concernaient les élèves de CP et de CE1. Mais elles ont été étendues à ceux de CM1 l’an dernier et s’appliqueront à tous les élèves, du CP au CM2, en cette rentrée 2024. Les syndicats enseignants appellent à l’abandon des évaluations nationales standardisées, ainsi qu’à un « choc des moyens » permettant la baisse des effectifs dans toutes les classes et une inclusion respectueuse des personnels comme des élèves. L’intersyndicale de l’Éducation nationale de Seine-Saint-Denis appelle aussi le 10 septembre à « une journée de grève de rentrée pour un “choc des moyens” contre le “choc des savoirs” ».
Les syndicats appellent à se retrouver le 10 septembre à Paris devant le ministère du Travail pour alerter sur leurs conditions de travail, en particulier sur le manque d’effectifs. Sur le terrain, chaque inspectrice et inspecteur du travail couvre un secteur de 10 000 à 13 000 salariés. Parmi les 2000 postes actuels, 400 sont vacants.
Manifestations interprofessionnelles le 1er octobre
La CGT, FSU et Solidaires seront dans la rue le mardi 1er octobre. Ces organisations syndicales appellent à une « journée de grève et de manifestations interprofessionnelles ». La CGT veut« gagner l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et pensions, l’égalité entre femmes et hommes, le renforcement des services publics » ainsi que le « développement de l’emploi industriel en lien avec les enjeux environnementaux ».
« Il existe une majorité dans ce pays, composée de celles et ceux qui travaillent pour gagner leur vie. Elle exprime des revendications claires pour changer la vie en positif », appuie Solidaires, citant notamment l’augmentation du Smic. Ce même jour, neuf organisations de retraités ont prévu une journée d’action pour l’accès à la santé et pour l’augmentation des pensions.
La date n’a pas été choisie au hasard. C’est le 1er octobre qu’est attendu à l’Assemblée nationale le projet de loi de finances pour 2025, que le prochain gouvernement est censé présenter.
Photo de Une : marche du 7 juillet 2024 à Marseille, au soir du second tour des législatives. © Jean de Peña