Justice et populisme

La révolte des magistrats français

Justice et populisme

par Nolwenn Weiler

Accusés de faute par Nicolas Sarkozy, les juges français protestent. Le chef de ll’Etat s’en est une nouvelle fois pris à l’institution judiciaire concernant la libération d’une personne suspectée d’avoir ensuite assassiné Lætitia, une jeune femme en Loire-Atlantique tuée à la fin du mois de janvier. Réunis en assemblées générales partout en France, les magistrats ont décidé de se mettre massivement en grève. Une décision rare dans ce milieu ! Près de 100 juridictions renvoient toutes les audiences non urgentes, pour une durée inconnue pour le moment.

Interviewée sur France Info, le 5 février dernier, Clarisse Taron, présidente du syndicat de la magistrature a estimé que « s’il y avait des dysfonctionnements, c’était au plus haut niveau de l’État ». Ledit suspect – et présumé innocent – n’avait en effet pas bénéficié du suivi prévu à sa sortie de prison faute de moyens. À Nantes, ville où avait été rendu le jugement, il y a 17 agents de probation pour 3.300 dossiers ! Soit un agent pour suivre 200 libérations sous condition.

La France de Sarkozy vient d’être classée par le Conseil de l’Europe au 37e rang sur 43 pour la part du produit intérieur brut (PIB) consacré à la justice ! La situation est tellement déplorable que même les procureurs, les présidents de de tribunaux, les avocats, les personnels de l’administration pénitentiaire et par des syndicats de police soutiennent le mouvement des magistrats. La méthode qui consiste à galvaniser les foules autour d’un fait divers macabre, en désignant un bouc émissaire dont use et abuse Nicolas Sarkozy, est peut-être arrivée à son terme...