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La vie des enfants bouleversée par les murs de séparation

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par Connected Walls

Depuis un mois, le webdocumentaire Connected Walls s’attaque aux murs de séparation entre quatre continents : celui entre l’Amérique du Nord et l’Amérique latine, incarné par les grillages entre les États-Unis et le Mexique, et celui entre l’Europe et l’Afrique incarné par les barbelés qui séparent les enclaves espagnoles du Maroc. Tous les 10 jours, Connected Walls publie de nouvelles vidéos de cinq minutes sur une thématique choisie par les internautes. Cette semaine : les enfants.

Pour la thématique « enfant », Valeria Fernandez (USA) et Fidel Enriquez (Mexico) ont filmé Jocelyn, une fillette de 7 ans qui va à l’école à Nogales, du côté mexicain, mais qui rêve d’aller vivre du côté américain pour avoir plus de jouets.

De leur côté, Irene Gutierrez (Espagne) et Youssef Drissi (Maroc) racontent l’histoire de deux enfants nés sur la frontière de Ceuta. Ni espagnols, ni marocains, donc sans nationalité, ils ne sont pas acceptés à l’école publique de Ceuta. Comme s’ils n’existaient pour aucun des deux pays.

Les internautes peuvent voter pour la thématique suivante à partir de cette page.

Sur chaque thématique, un partenaire a carte blanche pour s’exprimer dans une tribune. Celle-ci a été rédigée par Marcello Di Cintio, auteur canadien, qui raconte ses voyages aux frontières fortifiées du monde entier dans son livre Walls : Travels Along the Barricades :

« Avant la construction des nouveaux murs sur la plage, entre San Diego et Tijuana, la rangée de barreaux en acier était un point de rendez-vous pour les personnes des deux côtés de la frontière. Pour ceux qui n’avaient pas les papiers nécessaires pour traverser, c’était le seul moyen d’avoir un contact, ne serait-ce que limité, avec leur famille installée en Amérique. De part et d’autre de la frontière, des mexicains installaient des chaises de jardin sur le sable, et pouvaient se parler à travers les barreaux de la barrière. Ils y échangeaient les dernières nouvelles, partageaient des douceurs et des tamales encore chauds, enveloppés dans du papier alu. Et passaient tant bien que mal les doigts entre les barreaux pour caresser les joues des petits de l’autre côté de la barrière. « J’ai vu des personnes présenter leurs petits-enfants aux grands-parents ici », explique le révérend John Fanestil, qui donnait à l’époque la communion à travers les barreaux de la barrière.

Il y avait aussi des enfants à la barrière de Ceuta, mais leurs parents voulaient leur offrir davantage que quelques caresses sur la joue et des caramelos. Ils voulaient leur offrir une vie européenne. En septembre 2005, 500 Africains ont pris d’assaut la barrière. Au milieu du vacarme médiéval - les cris, les balles, le bruit métallique des chaînes - certains ont dit avoir entendu les pleurs d’un bébé que l’on faisait passer par dessus la clôture. Au lever du jour, cinq Africains furent retrouvés morts. Certaines rumeurs disent que le bébé figurait parmi les morts, mais personne n’a su le confirmer avec certitude. »