Guerre à distance

Le Royaume-Uni exécute ses propres ressortissants avec des drones armés

Guerre à distance

par Rachel Knaebel

Le Royaume Uni suit le chemin des États-Unis sur la voie des exécutions extrajudiciaires par drones armés. Le Premier ministre David Cameron a révélé lundi 7 septembre que les forces armées britanniques avaient tué le 21 août, par l’intermédiaire de frappes de drones armés, trois membres du groupe État islamique en Syrie. Deux d’entre eux étaient des citoyens du Royaume Uni. Selon le ministre, les deux hommes préparaient des attaques sur le sol britannique. David Cameron a défendu ces frappes comme un « acte d’auto-défense » destiné à protéger le territoire et les citoyens du royaume. Selon des informations du Guardian, les forces britanniques auraient par ailleurs établi une « kill list », comme le font les États-Unis, de membres de l’EI à tuer via des frappes de drones en Syrie.

Des députés, dont la nouvelle figure montante du Labour Jeremy Corbyn, doutent toutefois de la légalité de ces frappes. Tout comme l’ONG Amnesty. Une organisation locale de défense des droits humains, Rights Watch, a exigé du gouvernement qu’il rende public l’avis juridique sur lequel il s’est basé pour juger l’opération conforme au droit international.

Pour Rights Watch, « ces frappes représentent un dangereux précédent ». « Le gouvernement du Royaume Uni peut maintenant tuer comme il veut sans contrôle. Si le seul contrôle sur ces actions est un avis juridique confidentiel interne, dont les Britanniques ne pourront jamais prendre connaissance, ce n’est pas un contrôle du tout. Engager des actions militaires au nom de la population britannique sans l’informer de la base légale de ces actions n’est pas démocratique », accuse l’organisation.

Là encore, c’est la voie des États-Unis qui est suivie. La campagne de frappes par drones de Washington se fait dans une opacité quasi totale. L’annonce de ces frappes britanniques en Syrie prend place dans un contexte de prolifération des équipements en drones armées. Le Royaume-Uni utilise déjà des drones Reaper armés en Afghanistan. L’Italie a acheté des Reaper et envisage de les armer. L’Allemagne se prépare à se procurer des drones armés. La France se pose la question (voir notre article). Et le Pakistan vient de lancer ses propres frappes de drones contre des talibans.

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