Santé

Le coût du stress au travail

Santé

par Ivan du Roy

2 à 3 milliards d’euros : tel est le coût économique annuel du stress au travail selon une étude de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles) menée en 2007 et publiée en janvier 2009. L’institut public précise qu’il s’agit d’une « évaluation minimale » qui ne prend en compte qu’un facteur de stress : le job strain, des tâches réalisées à cadence rapide et soumise à des contraintes serrées. L’étude n’intègre donc pas le stress ou la souffrance générés par la non reconnaissance du travail, des conflits éthiques ou un management perçu comme humiliant. Un salarié sur cinq se déclare ainsi soumis à un stress élevé pendant au moins la moitié de son temps de travail, pendant qu’ils sont plus d’un sur trois (presque une salariée sur deux pour les femmes) à être confrontés à un stress modéré.

Cette longue exposition au stress provoque des maladies cardiovasculaires, des troubles musculo-squelettiques (comme des lombalgies) ou des dépressions. Celles-ci sont les plus chères à prendre en charge par les soins qu’elles nécessitent, l’absentéisme et les cessations d’activité anticipées qu’elles provoquent. Les dépressions liées au travail représentent au minimum 1,5 milliard d’euros. Ce sont les femmes qui en sont les premières victimes tandis que les hommes stressés risquent davantage de mourir prématurément. « Si cette approche autorise une évaluation relativement rigoureuse du coût des soins et de la perte de richesse pour la société, elle ne prend pas en compte toute la dimension du coût pour l’individu et en particulier la souffrance et la perte de bien-être que le stress occasionne », précisent les auteurs de l’étude.

Rappelons que ces coûts liés au stress au travail sont largement supportés par la Sécurité sociale, qui prend en partie en charge les soins, l’absentéisme et les retraites anticipées. Avant d’exiger la baisse des cotisations sociales, patronat et employeurs feraient donc bien d’améliorer grandement les conditions et l’organisation du travail des salariés. De son côté, le gouvernement a préféré taxer les indemnités versées aux accidentés du travail.