Énergie

Le président sénégalais a-t-il été marabouté ?

Énergie

par Ivan du Roy

Des coupures d’électricité quotidiennes pourrissent la vie des Dakarois depuis plusieurs années. La Senelec, la société nationale d’électricité, est incapable d’alimenter correctement la capitale. Ses installations sont vétustes, ses centrales brûlent du diesel importé, les investissement dans les énergies renouvelables, notamment le solaire, se font désespérément attendre, le budget du ministère de l’Énergie s’évapore… Résultat : des « délestages » frappent des quartiers entiers de la capitale, parfois sans courant pendant plusieurs jours. Et l’énervement des habitants est à son comble.

Le président bolivien lui-même, en visite officielle à l’occasion du Forum social mondial a été victime d’un de ces « délestages ». Ce 6 février, le chef d’État sénégalais Abdoulaye Wade reçoit Evo Morales au palais présidentiel. Après l’entrevue de circonstance, Wade, qui vient de rentrer d’une hospitalisation en France, offre à l’ancien syndicaliste bolivien une statuette représentant celle, gigantesque, qu’il a fait ériger sur le littoral dakarois, face à l’Atlantique. Cette « œuvre », censée représenter la libération du joug de l’esclavage, avait créé la polémique lors de sa réalisation en avril 2010, notamment à cause de son coût de 23 millions d’euros. Bref, sa réplique miniature constitue un cadeau de goût pour orner une cheminée inca… Mais quand le Sénégalais montre au Bolivien que la statuette s’allume et appuie sur l’interrupteur… Rien ne se passe. Les piles sont à plat. Wade, étonné, vient de vivre quelques secondes ce que subissent tous les jours ses concitoyens. Va-t-il limoger son ministre de l’Énergie, qui est, en l’occurrence, son fils Karim ? Ou chercher un marabout pour le désenvoûter de cette vilaine fée électricité ?

Photo : Rencontre entre Evo Morales et Abdoulaye Wade © Jean de Pena / Collectif à vif(s)