Pouvoir économique

Les dix plus grosses multinationales pèsent davantage, financièrement, que 180 États

Pouvoir économique

par Olivier Petitjean (Observatoire des multinationales)

Notre monde est-il dominé par une poignée de multinationales ? Selon une étude réalisée par l’ONG britannique Global Justice Now, sur les 100 premières entités économiques mondiales – États et entreprises... –, 69 sont des multinationales et 31 des États [1]. Parmi ces entités économiques les plus importantes financièrement, figurent les groupes français Total, Axa, BNP Paribas et Société générale. L’État français est lui en 5e position derrière les États-Unis, la Chine, l’Allemagne et le Japon. La première multinationale, l’états-unien Walmart, arrive en 10e position, derrière le Canada mais devant l’Espagne.

Ce phénomène, qui voit de plus en plus de grandes entreprises privées peser davantage que des pays, est en train de s’accélérer. L’année dernière, on comptait six États supplémentaires (37 en tout) dans ce top 100. L’étude montre également que, sur les 200 premières entités économiques mondiales, 153 sont des entreprises.

Les dix principales entreprises mondiales – Walmart, Apple, des géants du pétrole comme Shell, Sinopec, China National Petroleum, BP et Exxon ou de l’automobile comme Toyota et Volkswagen, et l’entreprise d’électricité chinoise State Grid – pèsent ensemble 18,3 trillions de dollars. Soit l’équivalent des 180 pays les moins riches de la planète mis ensemble (parmi lesquels l’Irlande, Israël, l’Indonésie ou l’Afrique du Sud...). Walmart, première entreprise mondiale, pèse davantage financièrement que l’Espagne, l’Australie ou les Pays-Bas.

Les chiffres utilisés par l’ONG sont à relativiser, car il est difficile de comparer le chiffre d’affaires d’une entreprise et, de l’autre, les revenus publics d’un État. En théorie, pouvoir économique et pouvoir politique ne sont pas de même nature. Il n’en reste pas moins que les chiffres mis en avant par Global Justice Now parlent d’eux-mêmes, dans un monde de plus en plus dominé par une froide logique comptable et financière, y compris au niveau de la gestion des États.

L’étude est publiée à l’occasion du lancement d’une pétition internationale, ciblant en particulier les leaders européens, pour qu’ils soutiennent le processus d’élaboration d’un traité contraignant sur la responsabilité des multinationales au niveau des Nations unies [2]. En France, cette pétition est relayée par Peuples solidaires.

Olivier Petitjean

Notes

[1Voir l’étude de Global Justice Now.

[2Sur ce processus, lire les articles de l’Observatoire des multinationales ici et .