Transports

Les trains de nuit : une alternative bien moins coûteuse que le TGV

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par Nolwenn Weiler

« Le train de nuit allie sobriété, écologie et économies tout en permettant d’arriver tôt le matin », rappelle le collectif « Oui au train de nuit ». Vent debout contre la fermeture d’une dizaine de lignes, le collectif – qui réunit une trentaine d’associations, de syndicats et de partis politiques de gauche – dénonce les chiffres utilisés par le gouvernement pour justifier ces suppressions.

Le secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies avance par exemple que la fréquentation des trains de nuit est en baisse de 25 % depuis 2011. Il omet de préciser que cette diminution de la demande est en partie due à la réduction de l’offre : fermetures de lignes, baisse du nombre de trains ou de wagons, suppression de trains à la dernière minute, réservations impossibles... « Malgré le manque de promotion commerciale, (...) les trains de nuit affichent fréquemment complet et les taux d’occupation restent constants, autour de 80 % l’été pour le Paris-Tarbes-Irun », relève le collectif.

Les trains de nuit seraient aussi « déficitaires » selon le gouvernement. « Peut-être, répond le collectif, mais tous les moyens de transport ont un coût pour la collectivité : les routes coûtent 16 milliards par an au contribuable. Les liaisons aériennes bénéficient de plus d’un milliard par an d’exemptions fiscales et d’aides en France. Dans ces conditions, pourquoi exiger aux Intercités de nuit de ne rien coûter au contribuable ? »

La Cour des comptes rappelle que les Intercités sont beaucoup plus proches de l’autofinancement (à 75 %) que les TER (35 %) et les Transiliens (38 %). Et relève que les fortes augmentations du déficit des Intercités « s’expliquent pour l’essentiel par une modification du barème des péages versés par les trains Intercités à Réseau Ferré de France. Elles font suite à un avis de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf) qui a abouti à aligner leurs péages sur le niveau le plus élevé acquitté par les TGV » [1].

TGV versus Intercités ?

Les trains de nuit peuvent arrimer jusqu’à 18 wagons, soit environ 1000 places. Mais la plupart de ceux qui roulent en France n’ont que 7 à 9 wagons, soit moins de 500 places. « Ils affichent fréquemment complet sans que la SNCF ne rajoute de wagons pour avancer vers l’autofinancement, déplore le collectif. La tendance est même de réduire le nombre de wagons... jusqu’à ne faire rouler que 4 voire 3 wagons par destination. » Cette gestion neutralise la possibilité de couvrir les coûts grâce à la vente des billets.

Par ailleurs, la course au « toujours plus vite » semble toucher à sa fin. « En passant de 300 à 360 km/h la consommation d’énergie d’un TGV augmente de 50 %. L’usure des voies est aussi beaucoup plus intense, d’où la demande longtemps réitérée par RFF de réduire la vitesse. » Le TGV coûte en plus tellement cher qu’il grève les comptes de la SNCF. « A l’heure actuelle, pratiquement toutes les lignes à grande vitesse en construction ou en projet sont susceptibles de dégrader la marge opérationnelle de SNCF-Voyages », estime la Cour des comptes.

L’institution souligne également que, après des décennies de repli sur certaines destinations longue distance, les trains Intercités « peuvent devenir une alternative financièrement intéressante au TGV pour une clientèle plus sensible au prix qu’à la vitesse ». Les maires des villes moyennes ne peuvent qu’approuver : leurs communes ne sont pas avantagées par le TGV qui ne favorise que les grandes métropoles [2].

Une première action de défense citoyenne s’est déroulée le 17 mars à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. De nombreux élus, cheminots et usagers se sont retrouvés avec pyjamas et oreillers pour une photo au départ du train de nuit. Une autre soirée de résistance est programmée le 14 avril en gare de Pau. D’autres propositions d’actions, et modèles de courriers à envoyer aux élus sont disponibles sur le site du collectif Oui au train de nuit. Une pétition est également en ligne.

Photos : Action à la gare de Lourdes le 17 mars 2017 / © Christophe Thiry

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