Afrique

Madagascar, nouvelle proie des groupes pétroliers et miniers

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par Sophie Chapelle

La course aux hydrocarbures et aux métaux s’accélère. L’île de Madagascar est la nouvelle cible des groupes pétroliers et miniers. Une quinzaine de compagnies, dont la major française Total, mènent actuellement des travaux d’exploration sur 24 concessions. C’est ce que révèle un rapport des Amis de la Terre [1].

Les investissements directs étrangers dans le secteur extractif, principalement minier, sont ainsi passés de 16 millions d’euros en 2005 à près de deux milliards d’euros aujourd’hui (5 800 milliards d’ariary, la monnaie malgache). Soit 125 fois plus en quelques années ! De gigantesques projets de mines à ciel ouvert ont contribué à cette croissance rapide, à l’instar de celui mené par l’entreprise canadienne Sherritt qui exploite du nickel-cobalt pour un investissement estimé à 5,5 milliards dollars US.

Les raisons d’un tel essor ? La législation malgache dans le secteur extractif est particulièrement favorable aux grands groupes industriels. La Banque mondiale a contribué à doter Madagascar d’un nouveau code pétrolier en 1996 qui soit « le plus incitatif possible ». Or, « l’absence de dispositions opposables sur le partage de la rente pétrolière concourt grandement à l’opacité du secteur et pourrait donc ouvrir la voie à des pratiques de corruption », pointent les Amis de la Terre. Dans le secteur minier, Madagascar se place également parmi les pays les plus « attractifs » fiscalement avec un taux de redevance minière à 2 %.

Les trois-quarts de la population sous le seuil de pauvreté

Les équilibres sociaux et environnementaux sont aujourd’hui gravement menacés par cette ruée sur le sous-sol malgache. Alors que le pays vit une situation politique instable ponctuée de coups d’État et de révoltes populaires, plus des trois quarts de la population continuent de vivre sous le seuil de pauvreté. Abritant 2 % de la biodiversité du globe, l’île pourrait également connaître une érosion accélérée de ses richesses naturelles.

Les Amis de la terre dénoncent le rôle de l’Union européenne qui encourage cette course aux matières premières [2]. Le rapport pointe également l’irresponsabilité d’acteurs publics importants, comme la Banque européenne d’investissements ou la Banque mondiale, qui apportent leur soutien à des projets qui ne permettent en aucun cas de contribuer à la diminution de la pauvreté. Bien loin de l’exercice du droit inaliénable des peuples à la pleine souveraineté sur leurs richesses et leurs ressources naturelles.